Au Maroc, deux adolescentes de 16 et 17 ans ont été arrêtées pour homosexualité à cause d'un baiser. Les associations exigent leur libération ainsi que la dépénalisation des rapports de même sexe.
Sanaa et Hajar ont 16 et 17 ans, elles sont mineures et elles n'ont pas pu voir leur famille pendant une semaine, depuis leur arrestation à Marrakech. Selon une source associative citée par Media24, les deux jeunes filles ont été surprises par un proche alors qu'elles s'embrassaient et s’enlaçaient sur le toit d’une maison du quartier d’Hay Mohammadi à Marrakech. Cet individu aurait même filmé la scène avant de la montrer aux parents "qui n'ont pas hésité à appeler la police". Sanaa et Hajar sont menées au poste et immédiatement placées en détention pour homosexualité, laquelle est toujours pénalisée au Maroc. L'une d'entre elle, sans abri, est également accusée de vagabondage.
Plusieurs associations s'élèvent contre cet emprisonnement. Parmi elles, l'Union Féministe Libre qui condamne l'arrestation et le traitement réservés aux deux jeunes filles. Celle-ci révèle ainsi que la mère d'Hajar a été convoquée au tribunal et y a attendu plus de sept heures sans la moindre information, avant d'apprendre que sa fille avait été transférée à la prison locale de Boulamharaz, bien qu'elle ne soit pas majeure. De son côté, Sanaa aurait été menée dans un centre pénitencier pour mineurs. D'après l'UFL, les autorités aurait également fait signer à Hajar un procès verbal "sous pression", et la jeune fille refuserait de s'alimenter depuis son arrestation. Dans un communiqué, l'association fait donc "appel aux composantes du mouvement féministe ainsi qu'aux associations des droits humains et avocat-e-s marocain-e-s afin de mettre fin aux séries d'arrestations que connait notre pays et l'injustice dans laquelle nous vivons désormais". L'association a annoncé cet après-midi que les deux jeunes filles avaient néanmoins été libérées et qu'elles "seront poursuivies en état de liberté provisoire".
De son côté, l'Association Marocaine des Droits Humains a chargé un avocat de défendre l'une des deux adolescentes. En plus de demander leur libération, le président de la section locale d'ADMH, Omar Arbib, a exigé l'annulation de l'article 489 du code pénal marocain. Celui-ci criminalise les "actes impudiques ou contre nature avec un individu de son sexe" jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 1.200 dirhams d’amende. Il invoque à cet égard le "respect aux libertés individuelles et aux traités internationaux."
Ce combat pour la dépénalisation de l'homosexualité au Maroc est déjà le cheval de bataille du collectif Aswat qui défend les droits LGBT dans le pays. Interrogés par TÊTU au mois d’avril, ses membres rappelaient que "les agressions et condamnations homophobes sont le quotidien de la population LGBTI au Maroc".
L'audience de Sanaa et Hajar devait avoir lieu vendredi matin au tribunal de première instance de Marrakech, mais elle a été reportée au 25 novembre.
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