S’il y a bien une appli dont raffolent les drag-queens peinturlurées la nuit venue, c’est celle des chauffeurs privés ! Pour certainEs, c’est encore plus pratique que Grindr…
Lorsque je retrouve Mme X. dans un cabaret parisien, elle dévore une planche de mignardises. Une bouchée de pommes de terre écrasées par ci, une cuillère d’une improbable verrine – dont on arrive jamais à déterminer le contenu – par là. Goulue et coquine, elle me raconte tout bas ses exploits nocturnes, en attendant le début du spectacle…
Ça m’est arrivé 5 ou 6 fois, quand même. Pas juste une ! Quand je suis en drag, seule, pas question que je marche dans la rue ou que je prenne le métro. Donc : Über ! Au moins, eux, ils sont à tes pieds – enfin à ta porte, et il n’y a pas à dire, ils ont le sens du service…
Donc, je suis à l’arrière, et quand je suis en drag, je n’ai plus de complexes. Je suis dans mon personnage séductrice que rien n’arrêterait, surtout pas l’hétérosexualité présumée de mes proies... Telle Mata Hari à l’arrière de la Merco, je suis en générale très loquace. C’est moi la chauffeuse, dans ces cas là. Je joue la carte séduction à fond. Mais attention, il faut un savant mélange de rentre-dedans et de bonne copine pour les amadouer. Il faut lancer la conversation, et après une bouteille de vin je suis encore plus douée que Macha Béranger pour les faire parler…
Dans le rétro, ils voient une ultra-femme libérée, du monde au balcon, ça intrigue. Ils me demandent où je vais, dans quelle soirée. Et plus ils sont curieux, plus je deviens la vamp qui les intrigue…
« C’est à quelle heure votre pause » ?
On rigole en évoquant la drag-queen utilisée par la marque de chauffeur privées pour sa campagne de pub. Elle n'a pas le même physique, et puis ajoute :
« Si ça avait été moi sur la pub, je serai avec le chauffeur à l’arrière » me tease t-elle.
Je sais les mettre à l’aise, je sens s’il y a un feeling… Ils doivent faire des arrêts réguliers pour ne pas être trop fatigués. Si je comprends qu’ils ne sont pas trop occupés, je leur propose qu’on fasse une pause ensemble. Si ils sont trop timides ou pressés, je leur propose qu’on se retrouve après leur service. Avec l’appli, ils ont mon numéro de téléphone et mon adresse… Mais ça s’est toujours passé sur le moment, dans le taxi. Ils se garent n’importe où, on s’en fout ils ont des vitres teintées. Et ils passent à l’arrière. Là j’évite de niquer tout mon make-up, mais en bonne professionnelle du lip-sync, j’arrive toujours impeccable à ma soirée…
Pendant que le spectacle de cabaret interlope se met en place, que la dernière bouchée à été enfournée, elle me confie que c’est un peu devenu sa spécialité, ces petites « friandises que l’on offre dans les taxis ».
Le plus étonnant, c’est qu’ils ne posent pas de question sur mon apparence. Pour eux je suis une femme, ça les arrange. Je ne suis pas androgyne, je surjoue le cliché du féminin, je suis un personnage de bande-dessinée. Pourtant, avec ma voix, pas de doute. Mais parfois il vaut mieux ne pas trop chercher…
Mais tu as la course gratuite au moins ?
Ahhhh non, ce n'est pas de la prostitution - même si je n'ai rien contre -, c’est juste que je fais un petit cadeau en échange d'une bouteille d'eau....
C’est vrai quand j’y pense, ils ne sont quand même pas très gentleman…
On commande une deuxième planche, le spectacle commence. La chanteuse commence avec la chanson de Régine : "Gueule de nuit"…
« J'suis une souris, gueule de nuit, Et je vais, je viens, je passe. J'suis pas du jour, gueule d'amour »…
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Pour en savoir plus :
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