santéEt si on arrêtait de demander "T’es clean ?" sur les applis ?

Par Jérémy Patinier le 01/12/2016
J'ai surpris mon copain sur Grindr fidélité

Si vous êtes coutumiers des applis de rencontres Scruff, Grindr ou Hornett (entre autres), cette expression n’a pas pu vous échapper : "T'es clean ?" Une manière de vous demander si vous êtes séronégatif au VIH. On veut savoir si vous n’êtes pas "sale", comprendre "séropositif". Quelle violence…

Les personnes vivant avec le VIH sont déjà discriminées au travail, dans l’accès à certains soins comme ceux des dentistes ou pour les soins funéraires jusqu'à récemment, par certaines assurances ou même interdits d’aller dans certains pays… La sérophobie sociale est partout. Imaginez donc qu'on vous demande si vous êtes "clean" et qu'on vous bloque - par principe - d'une appli, sur le simple fait d'être porteur du VIH... Alors même qu'on venait juste draguer, pas subir de vieux clichés.
Car si la formulation est violente, son explication logique est en plus un peu datée : aujourd’hui, un séropositif bien traité est indétectable, donc intransmissible. C'est-à-dire, moins "dangereux" et plus responsable qu’une personne non dépistée et non traitée. Les séropositifs sont mieux suivis, et donc en "meilleure santé" que des personnes n’ayant pas fréquenté de médecin depuis un certain temps…

(c) Aides
(c) Aides

De surcroît, quand on pose la question "t’es clean ?", on parle uniquement du VIH. Alors que bien d’autres IST circulent et se développent chez les gays : hépatites, syphilis, etc… Elle induit surtout de la part de la personne qui la formule une méconnaissance du sujet, et paradoxalement une envie de pratiquer une sexualité non protégée (ce qui est d’ailleurs le droit des personnes consentantes). De plus, s’il est "clean" dans son sang, cela ne laisse pas présager du comportement qu’il aura avec vous…
Bref, demander "T’es clean ?" est aussi inutile qu’agressif.

L’exclusion ne protège pas du VIH

Aujourd’hui il est possible de mieux s’annoncer via de nouveaux paramètres sur les applis : "Sous Prep, séropositif indétectable, séronégatif", ou d’indiquer la date de son dernier test, et son résultat. Ce "séro-triage" est à la fois l’assurance pour les personnes concernées de ne pas recevoir de questions indiscrètes, mais pour celles qui veulent les draguer, l’occasion de discriminer sous couvert d’informations. D’exclure de facto toute une population. Demandera t-on le dossier médical complet, une attestation de "bon baiseur", une attestation de casier judiciaire et une décharge lors de nos plans du futur ?
La sexualité et les rencontres comportent toujours une partie de risque, et c’est à chacun d’en prendre la mesure et les responsabilités, pour mieux se protéger.
Pas de les faire reposer uniquement sur les séropositifs.
 
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Pour en savoir plus :
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