Les militants LGBT ont décidé de prêter main forte à ce qui pourrait devenir la plus grande manifestation contre Donald Trump : la "Women's March on Washington".
La Women's March on Washington est née de l'inquiétude d'une femme, avocate à la retraite résidant dans l'état d’Hawaï, devant la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine. La misogynie avérée du personnage et ses dérapages vulgaires - voire carrément discriminatoires - l'invite à penser un rassemblement de femmes à Washington, au lendemain de l'investiture du milliardaire le 20 janvier 2017. Teresa Shook crée donc un événement Facebook et y invite quelques unes de ses amis. Mais le mouvement prend une ampleur insoupçonnée ; c'est désormais plus de 200.000 personnes qui répondent présentes à la "Marche des femmes sur Washington" du 21 janvier organisée par des activistes et sécurisée par les forces de police, et qui sont invités à expliquer leurs motivations derrière le hashtag #WhyIMarch, poussant le Washington Post a y décelé le plus grand rassemblement lié à l'investiture du président américain.
Dans la lignée des Civil Rights et de "Black Live Matter"
Le mouvement - initialement intitulé "Million Woman March", du même nom qu'une marche protestataire organisée en 1997 - revendique d'ailleurs l'héritage des mouvements progressistes qui ont bousculé l'histoire des Etats-Unis : le mouvement des droits civiques culminant au célèbre "I have a dream" prononcé par Martin Luther King en 1963, les vagues féministes, "Occupy Wall Street" contre le capitalisme agressif, les marches pour l'égalité devant le mariage, la fin des violences policières exigées par le slogan "Black Live Matter"...
En ce sens, la Women's March ne s'élève pas uniquement pour les droits des femmes, mais aussi pour une meilleure justice sociale, contre les discriminations sociales, en faveur des droits LGBT et en particulier d'un changement d'état civil facilité, mais aussi pour un plus grand respect des réfugiés, l'égalité salariale, l'accès à la santé sexuelle et reproductive, etc. Soit pour "la défense de nos droits, de notre sécurité, de notre santé, et de nos familles, reconnaissant que nos communautés diverses et vibrantes forment la force de notre pays".
Solidarité et présence gay
Le Washington Blade rapporte que trois des plus importantes associations LGBT ont décidé de se joindre au mouvement : le National Center for Lesbian Rights, Human Rights Campaign et GLAAD - l'Alliance gay et lesbienne contre la diffamation qui lutte pour une meilleure représentation des LGBT dans les médias - sont partenaires du rassemblement ouvert "absolument à tous". Des bars gays de la capitale politique des Etats-Unis ont également exprimé leur envie de participer aux festivités en accueillant les événements destinés aux manifestants une fois la Marche terminée, et de très nombreux militants LGBT sont attendus le 21 janvier.
Selon l'une des organisatrices de la marche interviewée par NBC, celle-ci sera le tout premier mouvement rassemblant autant de problématiques en une seule manifestation. Pour autant, il ne s'agit pas selon elle d'une marche anti-Trump, le 45ème président des Etats-Unis étant davantage "le symptôme" que "la maladie" qui ronge la société, mais d'un engagement continue en faveur de l'égalité.
Envoyer un message fort au nouveau gouvernement
Débutant à l'angle de l'Independance Avenue et de la 3ème rue, le samedi 21 janvier de 10h à 17h, la "Marche des femmes sur Washington" résonnera dans tout le pays et même au-delà des frontières américaines, grâce à plus de 300 autres rassemblements similaires prévus aux Etats-Unis et à travers le monde (Canada, Brésil, Argentine, Pérou, Afrique du Sud, Kenya, Nigeria, pays d'Europe). Des centaines d'associations soutiennent l'initiative à l'instar d'Amnesty International et du réseau de planning familial américain. Des célébrités ont également annoncé leur participation telles que l’icône gay Cher, les actrices Julianne Moore, Patricia Arquette, Scarlett Johansson, Olivia Wilde et Amy Schumer, la pop star Katy Perry, la mannequin trans Hari Nef, et bien d'autres. En France, plusieurs militant.e.s se joindront à l'effort américain à partir de 14 h, depuis le Mur pour la Paix de Paris et le parc du Peyrou à Montpellier, et répondront à l'appel lancé outre-Atlantique :
La rhétorique employé durant les dernières élection a insulté, diabolisé et menacé beaucoup d'entre nous : les immigrants, les musulmans et ceux qui croient en d'autres religions, ceux qui s'identifient comme LGBTQ, les Amérindiens, les personnes de couleur, les personnes en situation de handicap, les victimes d'agression sexuelle. Nos communautés souffrent, elles ont peur. (...) Dans l'esprit démocratique, et en l'honneur des défenseurs des droits, de la dignité et de la justice qui nous ont précédé, nous nous joignons dans la diversité, afin de montrer notre présence en nombre ; un nombre trop grand pour être ignoré. La Women's March on Washington enverra un message audacieux à notre nouveau gouvernement, pour son premier jour de mandat, et au monde, à savoir que les droits des femmes sont des droits de l'homme. Nous nous dressons ensemble, reconnaissant que défendre les plus marginalisés d'entre nous, c'est défendre chacun de nous.
Crédit photo Fibonacci Blue/Flickr