Retour sur la façon d'aborder son orientation sexuelle en milieu sportif, notamment dans les sports collectifs.
L'homophobie en milieu sportif dissuade de nombreuses personnes LGBT de faire leur coming-out auprès de leurs coéquipiers. Mais d'ailleurs, qu'en pense notre coach sportif ?
L’homosexualité est taboue dans de nombreux sports, et sans doute encore plus dans les sports collectifs qui impliquent un moment « vestiaire » qui peut-être délicat à gérer pour les gays comme pour les hétéros.
Faut-il cacher son homosexualité en milieu sportif pour avoir la paix ? Pour être accepté et progresser comme les hétéros ? Quel comportement avoir envers ses coéquipiers ? Après des années de pratique du football dans des clubs non LGBT, je vous livre mon expérience. Il ne s’agit pas d’une recommandation mais seulement d’un témoignage.
Mes années de pratique du football ont commencé avant mes 18 ans. Que ce soit avec les adolescents ou les adultes avec lesquels j’ai joué plus tard, je n’ai jamais eu le courage ou simplement l’envie de faire mon coming-out. Bien que l’acte aurait alors revêtu un coté « militant », je pense que j’aurais été mis à l’écart du groupe en laissant filtrer mon orientation sexuelle. Sans doute n’aurais-je pas été raillé ou moqué, mais je suis certains que mes relations aux autres en auraient été affecté. L'homophobie latente dans de nombreux en est malheureusement le triste exemple. Or dans un sport d’équipe dans lequel les relations sociales sont omniprésentes, comment gérer une mise à l’écart, même implicite ?
Si cette mise à l’écart ne vient pas du groupe, elle peut aussi venir du club lui-même. Souvenez-vous de Yoann Lemaire qui avait été médiatisé après s’être vu refuser sa licence par son club, le FC Chooz, en raison, selon lui, de son homosexualité.
Parce qu’assumer n’a rien de facile, la solution, pour certains, est d’essayer de ne pas se faire repérer. Ainsi, ils éviteront de « mater » pour rester caché voire s'inventeront une vie (un peu comme le font certains dans la vie professionnelle). D'ailleurs, la norme dans le sport de haut niveau consiste à rester dans le placard par peur des répercussions sur sa carrière et des insultes homophobes. Vous connaissez des joueurs de football, de basket ou de rugby professionnels ouvertement gays ? Malheureusement non... Cependant, à long terme, rester dans le placard n'est pas la solution tant pour la confiance et l'estime de soi que pour les répercussions engendrées sur la santé physique et mentale. Une étude de l'université de Montréal, publiée en 2013, montre les personnes LGBT dans le placard seraient plus sujettes au stress que celles ayant fait leur coming-out.
Si vous habitez une ville qui héberge une équipe LGBT, cette solution peut être intéressante. Pour pratiquer le football aujourd’hui aux Panamboyz (club de football LBGT), je peux dire que je suis content de pratiquer avec des gays comme des hétéros, mais surtout de ne plus me cacher. Le seul bémol pour certains résidera dans le niveau de pratique. Si vous jouez à un très bon niveau (ce n’est pas mon cas), vous ne trouverez peut-être pas de club LGBT correspondant à vos talents. Tous les clubs de football LBGT à Paris jouent en section loisir par exemple. Si cette option vous intéresse, vous pouvez trouver une liste d’asso sportives LGBT sur le site de la FSGL (Fédération Sportive Gaie et Lesbienne).
Dans tous les cas, votre orientation sexuelle ne regarde que vous. Libre à chacun d'en faire état librement dans son milieu familial, professionnel ou sportif. Si vous êtes à l'aise avec cette idée, soyez fier de qui vous êtes. Si vous n'êtes pas prêt, rien ne presse ! Prenez le temps qu'il vous faut sans vous dévaloriser. Être discret sur son orientation sexuelle ne doit pas vous rendre moins fier.
Si vous pratiquez ou avez pratiqué un sport collectif dans une équipe « lambda », n’hésitez pas à faire part de votre expérience dans les commentaires.
Photo de couverture : Les Gaillards, club de rugby inclusif.
Retrouvez notre coach Romain Moreau sur son site : rm-coach-sportif