Matthew Conway dessine des hommes nus ou en slip. "Bears", "wolfs", mecs musclés ou plus maigres. Il mène une enquête sur la masculinité contemporaine, sa beauté et sa diversité.
J'ai commencé à dessiner avant même que je puisse m'en rappeler. J'imagine que ça m'aidait à comprendre le monde.
Matthew Conway, 34 ans, se définit comme un "artiste queer" et un "nerd total", féru de cinéma, de littérature, et de café. Sur ses feuilles de dessins, ses modèles ne portent pas souvent plus qu'une paire de chaussettes. Parfois une canette de bière. Décontractés devant un objectif imaginaire. Il faut à Matthew entre huit et dix heures de travail pour réaliser chaque portrait depuis son studio qui brûle sous la chaleur d'Austin, au Texas.
J'aime être libre dans mes mouvements avec le modèle. Ne m'inquiéter de la composition qu'après. J'invite mes modèles pour un shooting, je prends beaucoup de photos et je travaille avec ce qui en sort. Ça m'aide à créer un rapport avec mon sujet.
J'ai commencé ce projet lorsque j'étais encore en école d'art. J'essayais de mieux comprendre le concept féministe du "male gaze" (le regard masculin) : la construction par laquelle les corps des femmes sont objectivés par les créateurs d'art masculins. Je voulais confronter mes amis garçons hétéros à cette même tension, sur un temps, à travers une lentille queer.
Depuis j'ai élargi mon attention pour inclure les hommes de tout horizon. C'est une enquête plus large sur la masculinité contemporaine.
Un sujet nu masculin est une image agressive comparée à la forme féminine que la société a jugée plus belle. L'art a permis au nu masculin d'être puissant et expressif, mais rarement beau. Je voulais explorer ça comme un concept.
Maintenant que le VIH n'est plus la crise qu'il était autrefois, l'art queer peut embrasser la beauté et le désir. Je ne dis pas qu'il faut arrêter de discuter de ces sujets, mais disons qu'il n'est plus politiquement irresponsable de traiter d'autres aspects de l'identité queer.
L'érotisme est essentiel pour considérer mon travail. Je crois que le porno, ou peut-être plutôt l'abondance d'images pornographiques, a entravé l'idée même du désir. Je pense que l'érotisme attire et intrigue là où les matériaux ouvertement sexuels sont une impasse.
Grâce à une récente attention des réseaux sociaux, celui qui se fait surnommer matteattack se voit désormais confier des commandes de clients privés, en plus de ses amis qui ont l'habitude de poser pour lui. L'artiste confie qu'il se dirige vers des pièces de plus grands formats. Il commence à troquer sa feuille de papier pour de grands panneaux de bois, et croise ses traits de crayons à papier avec l'aquarelle...
Suivez l'évolution de son travail sur son compte Instagram ou son site officiel.
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