Nommé aux Oscars, le documentaire percutant de Raoul Peck sur le racisme aux États-Unis est reparti bredouille mais triomphe en salle obscure. On se laisse guider 50 ans en arrière par les mots de l’écrivain noir et gay James Baldwin. Un retour nécessaire.
En mixant les images d’archives des années 50-60 à celles, encore brûlantes, des manifestations de Ferguson en août 2014 et de leur violente répression policière, le documentaire expose sa thèse d’emblée. À la question « la ségrégation raciale est-elle derrière nous ? », le spectateur saura répondre par lui-même.
Le film donne à entendre les mots de James Baldwin qui fuit le racisme et s’installa en France où il passa une grande partie de son existence. Trente pages de notes d’un livre interrompu par sa mort (à Saint-Paul-de-Vence, en 1987), dans lequel il voulait témoigner des années Martin Luther King, Malcolm X et Medgar Evers, tous assassinés entre 1963 et 1968 et qu’il a bien connus. C’est Gloria, la sœur de James Baldwin, qui a confié au réalisateur Raoul Peck (également directeur de la grande école de cinéma La Fémis à Paris) ce texte inédit, afin qu’il retrace la lutte des Noirs Américains pour les droits civiques.
En 1957, James Baldwin voit dans la presse française les images de Dorothy Counts, une jeune fille noire de 15 ans, qui fait sa rentrée sous les huées et les crachats dans une école fréquentée par des Blancs à Charlotte aux États-Unis : « Cela m’a rempli à la fois de haine et de pitié, et j’ai eu honte. L’un d’entre nous aurait dû être là avec elle. C’est en cette après-midi lumineuse que j’ai su que je quitterais la France. Tous les autres payaient leur dette, il était temps pour moi de rentrer chez moi et de payer la mienne ».
I Am not your negro de Raoul Peck. France, États-Unis, Suisse, Belgique. 1h33. En salles le 10 mai.
La suite de la critique du film à retrouver dans le numéro 215 de TÊTU (mai/juin 2017).
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