Dernier week-end pour découvrir quatre artistes qui ont utilisé leur corps pour mettre les questionnements LGBT au centre de leur travail.
Quatre étages, autant d'artistes. Martial Cherrier, le culturiste, Michel Journiac, "le cannibale de l'Île Saint-Louis", ORLAN, la performeuse aux prothèses et Gloria Friedmann, le mannequin devenue son propre objet d'étude.
Quatre noms qui font partie d'un cycle consacré au corps et pensé par la Maison Européenne de la Photographie (MEP) à l'occasion du Mois de la photo du Grand Paris. Tous n'ont pas la même notoriété mais sont liés par la manière dont ils parlent de sexualité à travers la mise en scène d'eux-mêmes dans leurs photos et performances.
"Être pédé"
"Il vaut mieux être un riche amateur d'art homosexuel qu'un employé chez Renault homosexuel". Voilà une déclaration de Michel Journiac, issue d'un entretien avec Jean-Luc Monterosso en 1993 projeté dans l'exposition, qui montre à quel point son travail est traversé d'une grande conscience sociologique.
Pour lui, "c'est l'homosexualité qui a remis le corps au centre" dans l'art. Ses photos de travestissement, en son père, en sa mère, sont drôles et profondes. Ses parents ont accepté de faire partie de son travail qui détourne les théories de Freud ou se moque du patriarcat dans 24 h de la vie d'une femme ordinaire.
Michel Journiac a surtout choqué l'opinion en fabriquant du boudin avec son propre sang, ce qui lui valut le surnom de "cannibale de l'Île Saint Louis". Il a réalisé cette pièce dans le cadre de la performance Messe pour un corps en 1969, lors de laquelle il proposait son propre sang aux spectateurs. Logique pour celui qui fréquenta le séminaire pendant six ans... Il avait aussi imaginé Piège pour un voyeur, performance dans laquelle les spectateurs et spectatrices étaient invités à se dénuder et à prendre place au centre de l'oeuvre.
Collages musclés
Il était pâtissier. Puis champion de France de bodybuilding en 1997. Martial Cherrier est ensuite devenu une figure du body art. Une grande partie de son travail consiste en des collages décalés de photos de lui sur des reproductions d’œuvres d'art, ou sur des publicités vantant les mérites du sport. Souvent, l'artiste se superpose sur des photos de femmes, ce qui suggère une tentative d'imitation... Alors même que le bodybuilding est censé exacerber les différences entre les corps des hommes et des femmes, Martial Cherrier les rapproche en prenant des poses suggestives et délicates.
L'exposition est visible jusqu'à ce dimanche 18 juin à la MEP, 5/7 rue de Fourcy, 75004, Paris