David Hockney, ce n’est pas que des piscines et des garçons tout nus. La preuve avec la rétrospective que lui consacre le centre Pompidou à Paris jusqu’au 23 octobre.
Les célèbres toiles du peintre anglais qui s’est établi sur les collines de Los Angeles ont été abondamment reproduites jusqu’à faire partie de la culture visuelle mondiale. Des piscines scintillantes, le ciel bleu, des chaises longues. Les rectangles parfaits aux teintes rosées des villas californiennes. Quelques touches de jaune. Et des garçons nus.
Ce qui frappe d’abord, c’est la taille des œuvres. L’exposition de Beaubourg nous permet enfin de plonger dedans : son œuvre la plus connue, A Bigger splash (1967) est un carré de 2,5 mètres de côté. De quoi mieux saisir l’ambition d’un peintre qui trouva sa philosophie chez Warhol et son style chez Picasso : « Il pouvait maîtriser tous les styles, constatait David Hockney. La leçon que j’en tire est qu’on doit les utiliser tous ». L’exposition sépare alors les nombreux courants picturaux empruntés par le peintre, qui passe de l’abstraction au réalisme dans ses double-portraits. L’une de ses premières expositions s’appelle ainsi Démonstration de versatilité – oui, le jeu de mot qui vous vient sur les pratiques sexuelles est pertinent.
Loin de se cantonner à la peinture, David Hockney a ainsi recours à différents médiums. On découvre ses dernières productions à l’iPad à la fin de l’exposition : des paysages, des fleurs, des bouquets virtuels qu’il envoie à ses proches. Il filme le même chemin de campagne aux quatre saisons, habilement disposé par le centre Pompidou autour d’un terre-plein qui sert de banc au visiteur envoûté.
Dans ses premières années, Hockney peint tout ce qui l’entoure : les paysages industriels de Bradford, sa ville natale où il apprend l’art dès l’âge de 16 ans. Mais aussi la campagne environnante du Yorkshire. Ses Propaganda paintings sont inspirées du style "affiche" et "graffiti" de Jean Dubuffet. Leur aspect brouillon assumé contient des messages soutenant les végétariens ou les homos.
Mais la constante de son œuvre demeure le portrait. On le retrouve dans chaque catégorie. Particulièrement dans ses double-portraits, ses œuvres les plus impressionnantes qui mettent en scène des couples (ses parents, l’écrivain Christopher Isherwood et son copain) ou des binômes (une galeriste et son ami). Les regards ne se croisent pas. L’un regarde l’autre, mais l’autre regarde le spectateur. Même quand il y a des humains sur la toile, la solitude guette. Comme dans ses sublimes « paysages enveloppants », dans lesquels Hockney voudrait que le spectateur s’immerge totalement.
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