En 2003, Jean-Pierre Humblot, un restaurateur Nancéien, était agressé dans la rue puis jeté dans un canal par deux adolescents. Il est mort noyé. Chaque année, une cérémonie lui rend hommage.
Le 1er août 2003, Jean-Pierre Humblot se trouvait près du canal de la Marne au Rhin, un quartier de drague gay populaire de Nancy, lorsqu'il a été abordé par deux jeunes de 16 ans, qui le passent à tabac avant de le jeter dans le canal. Malgré les appels à l'aide de Jean-Pierre, qui ne sait pas nager, les deux jeunes quittent les lieux en scooter. Les pompiers, appelés par un témoin anonyme de la scène, arriveront malheureusement trop tard pour le sauver.
5 ans de prison pour les couplables
L'été 2003 fut marqué par une série d'attaques homophobes dans ce même quartier, toujours avec le même mode opératoire. L'avocat de la sœur de Jean-Pierre Humblot, Maître Olivier Nunge, raconta au Parisien qu'un "groupe de jeunes accostaient les personnes qu'ils croisaient en leur demandant une cigarette, et puis se mettaient à les insulter et les frapper".
Grâce à plusieurs témoignages, les inspecteurs arrêtèrent rapidement les deux mineurs responsables de la mort de Jean-Pierre Humblot. Ils furent jugés en 2007 et condamnés à 5 ans de prison, dont 3 ans avec sursis pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec préméditation, en réunion et en raison de l'orientation sexuelle de la victime", rapporta L'Obs.
" L'homophobie et la transphobie tuent "
Depuis 2004, chaque année, un hommage est organisé en l'honneur de Jean-Pierre Humblot par les associations LGBT de la ville et par des proches, avec le support de la mairie de Nancy. Une stèle en granit a même été installée en 2009, après que la précédente, en bois, a été dégradée à plusieurs reprises.
L'hommage de cette année fut l'occasion pour Equinoxe, la principale association LGBT de la ville, de rappeler par communiqué les efforts qu'il reste à faire en France et à Nancy contre l'homophobie et pour les droits des personnes LGBT :
Si l’égalité des droits progresse en France, en Europe et dans le monde, l’actualité nous rappelle constamment à la réalité : l’homophobie et la transphobie tuent. Quand elles ne tuent pas, elles font des dégâts considérables. Les terribles agressions de Metz fin 2016, de St-Dizier et St-Dié en juin 2017, pour se limiter à des faits récents et proches de nous, sonnent comme un cruel rappel. Jean-Pierre Humblot ne doit pas être « mort pour rien »
"C'était une personne libre"
Les proches de Jean-Pierre Humblot ont également créé un site internet dédié à sa mémoire et continuent de se battre pour le droit à la différence :
Rendre aujourd’hui hommage à Jean-Pierre Humblot, [...] c’est reconnaître le droit à la dignité et à l’égalité pour les personnes jugées « non conformes », trop « efféminées », trop visibles, parfois – et c’est un comble – par quelques homosexuels restés dans la clandestinité et terrifiés par la sincérité du mode de vie et de l’apparence de Jeannot.
Si sa mort incarne aujourd’hui la nécessité d’une lutte sans relâche contre toutes les formes d’homophobie et de transphobie, Jean-Pierre Humblot n’était pas un héros, ni même une icône LGBT. C’était simplement une personne libre, et fière de l’être.
Couverture : crédit photo jeanpierrehumblot.fr