Le travail pop de Keith Haring a envahi tout le merchandising imaginable : des T-shirts aux tasses à café en passant par les boucles d'oreilles et les shows de Madonna... Mais Haring c’était avant tout des peintures et des fresques, dont l’une d'elle est cachée dans les tréfonds de New York.
Il faut aller dans les toilettes pour hommes du deuxième étage au Centre communautaire LGBT de West 13th Street, dans le centre-ville de Manhattan, pour découvrir cette œuvre. L'installation, qui ne manque pas de pénis, de croupes, de spermatozoïdes et de scrotums, a été peinte par Haring sur plusieurs jours en 1989 et est intitulé Once Upon a Time, comme commencent les contes de fées. Haring a recouvert chaque surface non carrelée de la salle de bain avec des pénis turgescents et en pleine éjaculation, de toutes tailles, en noir et blanc. Quelques-uns sont attachés à des corps de mâles, d'autres flottent comme des nuages heureux ou des dragons affamés. Cette fresque rappelle sa vision d'un monde avant le sida, une célébration de la sexualité et de la résilience des hommes homosexuels à un moment où l'Amérique était plutôt terrifiée par la sexualité masculine gay. Haring est mort en 1990 du sida à l’âge de 31 ans.
La pièce n'est plus fonctionnelle aujourd’hui, les éviers et les toilettes ont été retirés il y a plusieurs décennies et le lieu a été fermé pendant de nombreuses années. Ce n'est qu'en 2012 que le centre a restauré la peinture murale et l'a ouvert au public pour en permettre la visite.
Il n’est pas incongru de trouver des œuvres d’Haring dans le mobilier urbain. Inspiré par le graffiti et tenant du "bad painting", l'artiste est soucieux de toucher un large public et commence à dessiner à la craie blanche sur des panneaux publicitaires noirs du métro de New York. Il grave également des dalles de grès des trottoirs dans l'East Village (toujours visibles).
Il réalise la fresque We Are The Youth à Philadelphie en 1987.
Contre l'épidémie de drogues qui atteint la ville de New York, il réalise la fresque The Crack is Wack en 1986. Sans autorisation, il peint les murs d'un terrain de handball sur la 2nd Avenue, pour mettre en garde contre les effets néfastes du crack. La fresque est ensuite protégée et même restaurée en 2007.
Le crack c'est de la merde.
Il réalise également une fresque pour parler du sida à Barcelone.
Tous ensemble nous pouvons stopper le sida.
En France, il s'implique dans la fresque d'un mur extérieur de l’hôpital Necker à Paris en 1987.
Un des neuf exemplaires de sa dernière œuvre, La Vie du Christ, repose à l'église Saint-Eustache, paroisse d'accueil des malades du sida à Paris dans les années 80. La capitale est particulièrement appréciée de l'artiste et Yoko Ono y répandra une partie de ses cendres.