De la nuit des temps à aujourd'hui (et demain), le sexe est dans toutes les têtes (et sur le bout de presque toutes les langues !). Même dans les lois, il a fait l'Histoire et accompagne notre évolution...
"Une histoire du sexe", c'est un peu "Secrets d'histoire" version Pornhub. Et en BD. Si on y apprend par exemple que c'est Cléopâtre qui inventa le premier vibromasseur (avec des abeilles pour le faire vibrer), ou que c’est l'invention du microscope par les Hollandais qui entraîna la diabolisation de la masturbation... on en apprend de plus belles encore : mythes, fêtes, légendes, découvertes, évolution, lois. Avec des crayons et surtout des anecdotes savoureuses, l’anthropologue-psychiatre Philippe Brenot et la dessinatrice Laetitia Coryn nous croquent l'histoire de la sexualité à travers les âges. Savoureux !
Sex story, la première histoire de la sexualité en BD
AUX ORIGINES
L’os pénien a disparu lors du passage du chimpanzé à l'hominidé. Non, vous ne rêvez pas, il y avait bien un os là-dedans... C’était il y a un peu plus de 2 millions d’années, dans les forêts d’Afrique de l’Est (vers l’actuel Tchad et Éthiopie) que l’homme a perdu l’os de son pénis, en s’adaptant à l’évolution du vagin (avec le redressement de la stature, celui-ci bascule en avant, s’allonge et s’approfondit, le pénis suit, devient plus long et même le plus gros des pénis de primates). Le bacalum, son nom scientifique, qui persiste chez certains mammifères, est un os extra-squelettique, ce qui signifie qu'il n'est pas attaché au reste du squelette mais flotte plutôt délicatement à l'extrémité du pénis. Ci-gît le bacalum de l'homme.
Puis, c’est parce qu’il est gêné par ce sexe qui pendouille lorsqu’il court que l’homme invente le premier « cache-sexe », un suspensoir fait de lianes. Avec l’apparition d’homo habilis (entre 2 million et 1,5 million d'années avant J.-C.), la femme et l'homme perdent leur pilosité, adaptée aux forêts dont elles·ils sont sorti·e·s, mais moins aux plaines de la savane, remplacée par des glandes sudoripares permettant de réguler l’effort par la transpiration. C’est aussi l’apparition de la pomme d’Adam externe, signe de l’imprégnation de la testostérone, et aussi des fesses et des muscles fessiers car l’homme est désormais debout. ALLÉLUIA !
À BABYLONE
À Babylone (l'Irak actuel, vers 2 300 avant J.-C.), les prostituées, reconnaissables à leurs longues chevelures bouclées, enduisent le sexe de leurs clients avec du miel pour en améliorer le goût... TASTY !
EN ÉGYPTE
En Égypte ancienne (3000 à 30 avant J.-C.), l’un des fantasmes les plus érotiques était de penser à manger en faisant l’amour !
Les femmes portaient des perruques, considérées comme parure érotique de préparation à l’amour. OKEY...
EN GRÈCE
En Grèce antique (800 à 200 avant J.-C.), le gymnase était un lieu interdit aux femmes car les hommes s’y entrainaient nus ! Ils y cultivaient les valeurs de virilité (bien clichée) et de beauté masculine (très stéréotypée). C’est le lieu ultime du culte du corps, et donc forcément de l’érotisme et par "glissement" de la pédérastie (les plus âgés initient sexuellement et intellectuellement les garçons les plus jeunes. Aujourd'hui on dirait pédophilie initiatique). OK MAIS NON MERCI...
À ROME
Dans la Rome Antique (-750 à -476), les fêtes mobilisent la population près de 100 jours par an, dont la moitié sont consacrées aux dieux de la fertilité, de fécondité et des libres mœurs : Bacchus, Liber, Flora, Priape… Lors des Floralia, des femmes se montrent nues sur scène et jouent des danses obscènes. Lors des lupercales, les prêtres fouettent (en gage de fécondité) les femmes avec des lanières de cuir pour détourner le loup des pacages. Lors des saturnales, on célèbre les semailles pendant 7 jours et 7 nuits, le bonheur est dans la liberté totale. Le 17 mars est consacré au dieu du vin Liber, ce sont les libérales. Cela deviendra le culte de Bacchus par l'influence des dionysies grecques, et donc les bacchanales, qui dégénèrent en ripailles et beuveries. Elles ouvrent la porte à tout excès, toute violence, et même aux meurtres qui augmentent pendant ces célébrations…
En 186 avant J.-C., le Sénat romain interdit toute fête orgiaque... Plus de 7 000 personnes seront conjurées à mort, emprisonnées, bannies… LA FÊTE EST FINIE.
AU MOYEN-AGE, EN FRANCE
Le "droit de cuissage" ou de "culage" est l’idée selon laquelle tout seigneur avait, au Moyen Âge (du VIe au XVe siècle), un jus primae noctis (droit de première nuit) sur les filles et épouses de ses serfs et ses domestiques, "à l’image de Dieu". Une forme atténuée, "le droit de jambage", aurait constitué pour le susdit seigneur à glisser symboliquement sa jambe entre le corps des jeunes époux pour bénir leur union. Mais aucun historien n’a retrouvé mention de cette pratique dans les archives de l’époque… OUF !
Au Moyen Âge, la fin amor soit l'amour courtois (ou l'amour parfait) est une révolution : la femme est la suzeraine, le chevalier son vassal. Les valeurs de la société médiévale sont inversées, donnant du pouvoir aux femmes de l’aristocratie. Pour obtenir ses faveurs, un homme doit subir des épreuves d’amour, comme par exemple l’asag : il doit rester chaste pendant toute une nuit passée nu à nue à ses côtés… Des « cours d’amour » avaient lieu en certains châteaux, sortes de salons pour répondre aux questions d’amour entre gentes dames, troubadours et chevaliers courtois. En fin de débat, un verdict devait être accepté comme vérité. ADJUGÉ VENDU !
À la même période, certains monastères possédait des bordels, comme certaines municipalités ou seigneuries. Le Pape Sixte IV lui-même acquit une maison close pour renflouer les caisses du Vatican et construire la Chapelle Sixtine à laquelle il donna son nom… La prostitution était plutôt bien vue, les prostituées ayant la réputation d’éloigner les ardeurs des hommes de leurs épouses légitimes… Saint Louis interdit toute prostitution dans le royaume en 1254 et provoqua un tollé. Deux ans plus tard, il réclama finalement que les prostituées ne pratiquent qu’en dehors de la ville. Elles s’installent dans des « bordes », maisons de bois au bord de l’eau, à Paris. Mot qui donnera bientôt "bordel".
C’est avec Saint Thomas d’Aquin (mais qu'est ce qui lui a pris, il s'est fait larguer ?) au XIIIe siècle que l’homosexualité, alors relativement acceptée, devient le plus grave péché de luxure, une perversion proche du cannibalisme. Le Moyen Âge, qui était bien parti pour se libérer de la domination masculine, connait un regain d’inquisition misogyne en affirmant que la femme est un être incomplet… qui a besoin d’un tuteur. BAH VOYONS.
Jusqu’au XVIIe siècle, le terme de sodomie recouvrait un ensemble de relations sexuelles réprouvées, comme la masturbation ou le coït « hors vagin », pas seulement les relations anales et encore moins uniquement homosexuelles (dont le mot et la conception n'existe pas encore comme à notre époque). D’ailleurs, dans certains contextes et notamment dans les classifications légales de certains des États-Unis, le terme anglais sodomy a longtemps inclus d’autres pratiques sexuelles jugées déviantes par certains, comme le cunnilingus et la fellation. En allemand, die sodomie ne fait aucunement référence à la pénétration anale mais désigne la zoophilie… L’histoire faisant, la sodomie devint synonyme de relation anale homosexuelle car considérée comme le gâchis de sperme suprême, la négation de l’ordre reproductif absolu, la traîtrise patriarcale, le plaisir par l’endroit lié aux fonctions excrétrices (et ses tabous). On dit que c’est avec le martyr de Saint Pelage, dans un récit qui narrait sa préférence pour la mort plutôt qu’à l’affrontement du calife de Cordoue, que le mot pris son acception moderne.
Ce n'est pas tout ! DECOUVREZ-ICI LA SUITE des folles anecdotes d'« Une histoire du sexe », la BD qui dépote...
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À LIRE : Une histoire du sexe, Editions Les Arènes