Antoine et Romuald se sont rencontrés aux Gay Games de Cologne en 2010 et ils ne se quittent plus depuis. Huit ans plus tard, ils recommencent l'aventure à Paris. Pour TÊTU, ils sont revenus sur leur coup de foudre et sur la place que prennent les « jeux olympiques de la différence » dans leur vie.
Plusieurs bénévoles s'activent sous une chaleur de plomb, en ce lundi 6 août, place de l'Hôtel de Ville. Tous se sont retrouvés à Paris pour la dixième édition des Gay Games. Parmi eux, on aperçoit Antoine Le Blanc, 40 ans, co-capitaine de l'équipe de France et membre de l’équipe de handball. Son mari, Romuald Grall, 44 ans, responsable du pôle convivialité des bénévoles, est également sur place. Le couple s'est rencontré en amont des Gay Games de Cologne, en 2010, et leur histoire d'amour dure désormais depuis huit ans. Pour eux, il s'agit cette année d'une édition particulière des « jeux de la diversité », qui leur rappelle de nombreux souvenirs.
Le coup de foudre en un regard
« C'était une belle journée, avec une belle lumière et il y a eu cet homme, magnifique », nous lance Antoine, le regard au loin et le sourire aux lèvres, en se remémorant cette journée d'été, il y a huit ans. Pour la première fois, le ministère français des Sports subventionnait une partie des tenues des athlètes participant aux jeux. Avant de s'envoler pour les Gay Games en Allemagne, tous étaient invités à venir les récupérer dans ce bâtiment du 13e arrondissement de Paris. Antoine et Romuald étaient parmi eux.
« J'étais en train de monter un escalier, quand j'ai vu Antoine descendre. Je me suis arrêté net et je me suis dit 'Wouahou, mais qui est cet homme' ? Nos regards se sont croisés et on s'est dit bonjour », explique Romuald, rempli d'émotion. Avant d'ajouter : « On s'est revus plus tard dans la soirée, j'étais avec mon équipe de volley, lui avec son club de karaté. Il y avait du 'eye-contact', mais c'était vraiment très timide. »
Les deux hommes s'aborderont réellement à Cologne, en Allemagne. Pendant la « soirée France » en plein milieu des Gay Games, plusieurs semaines après leur première rencontre. « J'étais en train de prendre un verre avec des amis à une table et Antoine est venu me dire bonjour. Je l'ai suivi à la fin de la soirée et on a fini par s’embrasser. Enfin ! », s'exclame Romuald, un sourire en coin. Tous deux sont d’accord : leur rencontre est fortuite, mais les Gay Games ont largement contribué à la favoriser. « On s’est souvent croisés par hasard en marge des compétitions, et ça, c’est vraiment propre aux Gay Games. L’ambiance est tellement bonne que tu vas voir les autres sports pour apporter ton soutien », précise Antoine.
La famille Gay Games
Fin des jeux et retour à Paris, où ils habitaient tous les deux. Alors qu'Antoine et Romuald pensent l'un à l'autre, voilà un « énième coup du destin » : ils se retrouvent par hasard dans un bar du marais. Les deux quarantenaires confient dans un rire franc « passer enfin aux choses sérieuses ». Tout s’enchaîne rapidement. Le couple décide de vivre ensemble quelques mois plus tard. Deux ans après, ils lancent un projet de parentalité et se marient en 2014.
Aujourd’hui, tous deux disent avoir pris conscience de ce que les Gay Games leur ont apporté : « On a créé notre propre foyer. Mais on a aussi tissé des liens d'amitié très forts avec d'autres personnes participant aux Gay Games. On a constitué une sorte de famille, avec des liens plus distendus, mais toujours avec beaucoup d’amour, d’amitié et de partage : c'est la famille Gay Games. Cela peut paraître presque un peu mièvre, mais ça fait plaisir d’être dans ce genre de sentiments », abonde Antoine, sous le regard ému de son mari.
Le sport LGBT+ pour « être bien avec soi-même »
Les deux hommes ont vécu la discrimination dans le sport, que ce soit dès leur plus jeune âge, « en étant le dernier choisi en cours de sport à l’école », ou plus tard, dans des clubs « trop compétitifs et hétéronomés ». Pour Antoine, longtemps membre d’une association de sport gay et lesbien centrée autour des arts martiaux, il s'agit avant tout d’être bien avec soi-même : « La dimension sociale dans les associations de sport gay et lesbien est très apaisante et protectrice. Elle permet de se sentir libre. On en a tous besoin. »
Cette année, le couple a voulu « rendre » aux Gay Games tout ce que les jeux ont pu leur « offrir » :
« On a décidé d’être bénévoles pour dire aux gens, voilà ce que représentent les Gay Games pour nous : le début d’une très belle histoire d’amour, mais aussi une révolution dans notre vie. Maintenant, à notre tour de rendre en s’investissant à fond », clame Antoine.
Le couple ne s’est pas rendu aux Gay Games à Cleveland, en 2014. Leur premier fils, Pierre, qu’ils élèvent dans un projet de coparentalité avec deux femmes lesbiennes, venait de naître. Deux ans plus tard ils étaient à nouveau papa d'un petit garçon, prénommé Martin. Mais cette année, ils se rattrapent doublement : le samedi 11 août, ils ont prévu d'assister à la cérémonie de clôture des jeux, accompagnés de leurs deux enfants.
Crédits photos : Marion Chatelin.