télévisionOn a vu "Kings", l'émission de télévision qui travestit en hommes des célébrités

Par Alexis Patri le 29/11/2018
Kings

Diffusée sur Canal+ Décalé depuis le 28 novembre, l'émission "Kings" accompagne des célébrités qui se travestissent en hommes le temps d'une journée. Une expérience à l'autre bout du spectre du genre à prendre comme un jeu.

"Si tu étais un homme pour une journée, tu ferais quoi ?" C'est la question qu'ont posé les réalisatrices Katia Lewkowicz et Mika Tard à 18 personnalités pour faire naître l'émission "Kings". En 10 épisodes, cette série documentaire suit deux célébrités pendant une journée où elles se travestissent en homme. Ne vous fiez pas à son nom. "Kings" ne traite pas de l'art drag-king. Ne vous attendez donc pas à une version féminine et française de "RuPaul's Drag Race", mais bien à une création unique en son genre.

Participent à "Kings" les actrices Cécile de France, Marina Foïs, Eye Haïdara, Julia Piaton, Sonia Rolland, Ludivine Sagnier, Sarah Stern et Charlotte de Turckheim, les chanteuses Amel Bent, Fishbach, Aurélie Saada et Sylvia Hoarau (aka le groupe Brigitte), les humoristes Melha Bedia et Nicole Ferroni, la mannequin Noémie Lenoir, la réalisatrice Marie Amachoukeli et la scénariste Rebecca Zlotowski.

A noter, la participation du comédien Océan. Homme trans, il se travestit en homme barbu et très (très) musclé. Il explique notamment que la barbe ne lui sera accessible qu'au bout de cinq à six ans. Sa présence apporte une dimension de questionnement du genre intéressante.

On a vu "Kings", l'émission de télévision qui travestit en hommes des célébrités
La réalisatrice Mika Tard en cours de travestissement.

Des hommes en panique

"Kings" intéresse quand les participantes jouent avec les codes de la masculinité. Elle amuse quand elles moquent la virilité. Amel Bent et Melha Bedia découvrent les discussions de quartier au bord d'un terrain de foot. Marina Foïs et Fishbach sont atterrées par les conseils d'un coach en séduction et tentent de draguer via Tinder.

Toutes découvrent à la fois des cercles masculins très solidaires et des rapports beaucoup plus violents. Elles s'étonnent de voir que les hommes aussi portent un masque social et se cachent derrière des codes virils. Comme elles le font lorsqu'elles se maquillent et portent des talons.

En se travestissant, certaines perdent leur peur de marcher dans la rue la nuit. Elles découvrent aussi que certains hommes (notamment dans le quartier d'affaires de La Défense) sont terrorisés à l'idée que les femmes prennent leur place dans la société. Elles sont mi-amusées, mi-sidérées. Et nous avec elles. Précisons tout de même que certaines formules maladroites d'invitées bien intentionnées peuvent heurter les personnes trans'.

"Avec les pédés, j'aime bien être un mec"

Parmi les activités et les lieux choisis, on trouve deux bars gays, ainsi qu'un cabaret parisien. Une sélection un peu facile (y a-t-il plus vu et revu que "Chez Michou" pour trouver des drag-queens ?) qui permet néanmoins quelques séquences-pépites.

Notamment lorsqu'Aurélie Saada (de Brigitte) dit "si j'étais un mec, je serais pédé". Têtu lui a demandé si elle disait cela uniquement parce qu'en étant un homme gay elle conserverait son attirance pour les hommes. "Je suis attirée par les hommes et par les femmes, donc ce n'est pas que ça", répond-elle.

Elle complète : "Il y a une sensibilité qui est assumée chez les hommes gays et dans laquelle je me retrouve davantage". Autre indice que la masculinité gay serait (de manière générale) moins toxique que la masculinité hétéro : Nicole Ferroni qui s'éxlame que "avec les pédés, j'aime bien être un mec".

Il faut prendre "Kings" pour ce qu'elle est : un jeu. Les invitées moquent la virilité et découvrent quelques aspects des mondes masculins. Disons-le, l'émission ne révolutionne pas l'approche du genre et sa charge politique est limitée. Elle permet cependant de s'amuser d'une société encore très "les filles en rose et les garçons en bleu".

Crédit photo : Canal+ Décalé / montage TÊTU.