[PREMIUM] Depuis des années, Lucas Murnaghan photographie des silhouettes aussi musclées que fragiles dans les fonds marins. Entretien avec un artiste passé maître dans l'art de sublimer les corps masculins.
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TÊTU : Comment avez-vous commencé à prendre des photos sous l’eau ?
Lucas Murnaghan : J’ai commencé en prenant des photos de surf et j’ai adoré le fait d’être dans l’eau, jouant dans les vagues en mouvement, essayant de capturer l’action et la lumière dans cet environnement difficile. Là où je vis, à Toronto, au Canada, les hivers sont longs et je cherchais simplement un moyen pratique de pouvoir faire davantage de photos. Ça m’a conduit à aller dans des piscines durant les mois d’hiver. Et quand je me suis glissé sous l’eau pour la première fois avec mon appareil photo, c’est tout un nouveau monde qui s’est ouvert. J’ai adoré la liberté, le silence, et le défi physique qu’impliquait le fait d’être sous l’eau. C’est depuis cette fascination naissante que mon style et mon regard ont évolué.
"J’ai rencontré mon compagnon au fil d’une conversation sur le surf, donc ça a une signification vraiment spéciale pour nous."
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Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le surf au début ?
J’ai toujours aimé le surf et la culture surf. Mais il s’avère que je ne suis pas très bon pour ce sport. Je me suis tourné vers des photos de surf car ça m’a permis de sortir et d’être capable de créer des images qui dureraient bien au-delà des instants de vie fugaces des vagues. Et j’ai en fait rencontré mon compagnon au fil d’une conversation sur le surf, donc ça a une signification vraiment spéciale pour nous.
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Vous travaillez uniquement avec des modèles masculins et athlétiques, pourquoi ?
Les fondements de mon travail sont autobiographiques. Les émotions et les poses que je pousse mes modèles à incarner sont souvent issues de souvenirs d’enfance ou de notions que je porte toujours en moi. En tant qu’homme gay, j’ai une affinité - artistique et personnelle - pour les formes masculines. Il me semblait idiot de ne pas utiliser mon amour de cette esthétique pour façonner ma vision artistique.
Comment choisissez-vous vos modèles ?
Cela varie beaucoup. Au début, il n’y avait que des amis, et des amis d’amis. Quand j’ai commencé à disposer d’un certain corpus de travail, il est devenu plus facile d’atteindre d’autres personnes, via les réseaux sociaux principalement. J’ai de la chance désormais, car des modèles et des agences me proposent des idées et des projets. Je suis toujours en quête d’un sujet qui ne se contenterait pas d’être simplement beau - c’est l’émotion brute que j’essaie d’exploiter. Je recherche également une sorte de synchronicité ou de connexion entre mon sujet et moi. C’est à travers ce lien que mes plus beaux moments artistiques ont été créés.
"Le milieu sous-marin nous offre une opportunité unique de nous exprimer."
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Que souhaitez-vous montrer à travers vos clichés ?
Je vais être honnête. Quand j’ai commencé, je ne suis pas certain que j’avais une idée précise en tête. J’explorais simplement et j’expérimentais, essayant de nouvelles techniques, imaginant de nouvelles manières de créer des images sous-marines. Mais j’ambitionne toujours de donner un sens plus profond à mon travail, et de provoquer une réaction chez mon public. Le milieu sous-marin nous offre une opportunité unique de nous exprimer comme nous n’aurions jamais rêvé ou osé le faire sur la terre ferme. Ce sont ces moments que je souhaite montrer.
Avant de devenir un photographe connu, vous étiez surtout chirurgien orthopédique. Y a-t-il des similarités entre ces deux jobs ?
Je suis en fait toujours chirurgien orthopédique. Et il y a beaucoup de points communs entre ces deux jobs. Les deux sont très techniques et requièrent beaucoup de préparation et de pratique. Ils s’intéressent tous les deux au corps et à l’anatomie humaine, donc leur compréhension est bénéfique dans les deux cas.
Mais ce sont deux passions également très différentes, et c’est en grande partie pourquoi elles se nourrissent l'une l'autre. Photographier sous l’eau est un tel moyen de m’évader de l’environnement hospitalier, si mouvementé ! Et l’épanouissement personnel que je ressens lors de mes créations artistiques m’inspire à être une meilleure personne et un meilleur médecin pour mes patients.
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Vous affichez ouvertement votre couple sur Instagram. Souhaitez-vous être un rôle-modèle pour d’autres hommes gays ?
Mon compagnon, Antonio, et moi sommes ensemble depuis 12 ans. Je ne suis pas sûr que je nous verrais - ou me verrais - comme un rôle-modèle, mais je suppose que nous montrons un exemple de vie possible. Comme dans toute relation longue, il faut beaucoup de travail pour bâtir et maintenir la force et l’intégrité de ce lien. Je suis extrêmement fier de ce que j’ai réalisé professionnellement dans ma vie, mais je considère ma relation avec Antonio comme ma plus grande priorité.
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Pour avoir davantage d'aperçus du travail de Lucas Murnaghan, rendez-vous sur son site internet ou son compte Instagram. En février 2019 est paru son ouvrage "Beneath the surface" ("Sous la surface"), que l'on peut commander en ligne.
Crédit photo : Lucas Murnaghan.
