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InterviewIsabelle Huppert : "Être aimée par la communauté LGBT me convient très bien"

Par Renan Cros le 23/08/2019
Isabelle Huppert : "Être aimée par la communauté LGBT me convient très bien"

Isabelle Huppert évoque avec nous son statut d'icône gay, ses personnages parfois indéfendables et la fascination pop qu'elle exerce. Une interview à retrouver en intégralité dans le numéro été (219) du magazine.

Quand on s’apprête à rencontrer Isabelle Huppert, on n’est jamais vraiment rassuré. Celle qui nous a laissé des souvenirs traumatiques de spectateurs dans La Cérémonie (1995), La Pianiste (2001) ou, plus récemment, dans Elle (2016), est un monstre de cinéma. Une expression qu’elle déteste sûrement. Mais, avec Isabelle Huppert, comme avec toutes les icônes, on ne sait plus très bien où s’arrête l’image et où commence la vie. D’autant plus que, depuis peu, l’actrice semble s’amuser avec l’aura de diva, d’icône gay qu’elle suscite, comme avec le "campissisme" Greta, ou encore avec son propre rôle d’hyperactive dans la série Dix pour cent. Isabelle en fait trop, dans tous les sens du terme, et on adore ça.

Un soir, au théâtre de la Ville, à Paris, on a rendez-vous avec la comédienne alors en pleine répétition de Mary Said What She Said, où elle interprète, sous le regard d’esthète de Bob Wilson, la tragique reine Mary Stuart. On l’attend ; l’équipe technique du spectacle s’affaire autour de nous, la répétition s’apprête à reprendre… On s’inquiète, on nous rassure, elle va nous recevoir. Oui, mais la répétition alors ? Soudain, on nous conduit à travers un dédale de couloirs en direction de la loge de l’actrice. On frappe. "Entrez !" C’est bien la voix d’Huppert, quelque chose entre le doux et le dur qui fait immédiatement remonter des souvenirs de cinéma. La porte s’ouvre. On découvre alors l’actrice enfermée dans une immense robe victorienne à corset, le visage pâle de celle que l’on va bientôt décapiter, iPhone en main. L’image est proprement surréaliste. La vie et l’art en même temps....