TÊTU vous livre quelques stratégies pour faire passer des messages positifs et pour se protéger, alors qu'on rentre dans le vif du sujet.
Ca y est, les auditions ont démarré. Les pros et les antis donnent tour à tour leurs arguments aux députés qui seront chargé d'amender le texte. Le projet de loi de révision de la loi bioéthique, qui ouvrirait la Procréation Médicalement Assistée (PMA) à toutes les femmes, et notamment aux couples de lesbiennes, devrait être débattu dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale avant la fin du mois. Et pour tous les médias généralistes, une chose est sûre : les antis vont donner de la voix. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils ont commencé à leur tendre le micro. De quoi polluer votre twitter, votre télé, votre radio et vos dîners de famille pendant de longues semaines... TÊTU vous propose quelques stratégies pour faire passer des messages positifs et pour se protéger, à l’approche d’un combat qui s’annonce difficile.
1 - SOYEZ FIER.E.S
Au secours, les réacs’ sont de retour ! Et les médias tendent leurs micros aux curés, psys et autres intégristes religieux. D’une voix souvent très douce, ils débitent les plus grands mensonges, les pires horreurs. Et dans la rue, poussées par cette petite musique homophobe, les petites frappes se sentent dans leur plein droit pour agresser les personnes LGBT+. Faut-il pour autant raser les murs ? Au contraire. Relevez la tête et n’oubliez pas : ces revendications sont légitimes. Surtout, elles sont déjà une réalité. Co-parentalité, GPA, PMA... Les personnes LGBT+ font des bébés. Selon un récent sondage commandé par l’ADFH et publié par TÊTU : plus de la moitié des personnes LGBT+ veulent fonder une famille. Et 35 % d’entre elles souhaitent avoir un enfant dans les trois ans. Bref, les homosexuel.le.s font des enfants. Et en feront de plus en plus. Il va falloir s’y faire!
2 - MONTREZ VOUS SOLIDAIRES
Si le gouvernement et la majorité flanchent ou montrent des signes d’hésitation, les associations LGBT+ appelleront sans aucun doute à descendre dans la rue pour soutenir le texte. L’erreur serait de croire que seules les lesbiennes ou les femmes célibataires sont concernées. Car le débat sur la PMA pour toutes rejaillira sur l’ensemble de la communauté LGBT+, aussi vrai que celui sur le mariage pour tous n’a pas seulement mobilisé les couples homosexuels qui souhaitaient se marier. Alors faisons preuve de solidarité, dans la rue comme à la machine à café. Nous sommes tous un peu lesbiennes !
3 - PRENEZ SOIN LES UNS DES AUTRES
Les cortèges anti-mariage pour tous de 2013 ont fait vivre des moments difficiles aux homosexuel.le.s. Certains d’entre nous sont totalement armés
pour faire face et braver vaillamment les mouvements homophobes, d’autres moins. “Les jours de rassemblements de la Manif pour tous, je n’osais pas sortir. J’étais comme prisonnier chez moi, se souvient Clément, 27 ans. C’est pas tant que j’avais peur de me faire agresser. Mais je n’avais aucune envie d’être confronté à toute cette haine.” Si vous vivez dans une grande ville, prendre le métro et se retrouver nez à nez avec les hordes de réacs’ de Civitas arborant une pancarte “un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants” peut être vécu comme une expérience carrément anxiogène. Si vous n’en avez pas la force, épargnez-vous cela ! Les jours de manif des antis, évitez le parcours des cortèges. Délocalisez-vous. Ou invitez vos ami.e.s à picoler autour d’un brunch, à vous faire des câlins ou à mater la dernière saison de RuPaul’s Drag Race. Bref, prenez soin les uns les autres.
4 - PARTICIPEZ AU DEBAT
Vous ne croyez plus en la politique ? Difficile de vous donner tort... Pourtant, interpeller vos élus, députés ou sénateurs, les sensibiliser à l’insécurité juridique qui touche les enfants nés de PMA et de GPA, est primordial. N’hésitez pas à écrire à votre député pour lui dire que vous voulez que la PMA soit élargie à toutes. Ou à lui dire ses quatre vérités lorsque vous le croisez au Franprix ou sur le marché le dimanche matin. Laissez parler le militant qui est en vous !
Si (et seulement si) vous vous sentez d’une humeur pédago’, abordez la question de la PMA pour toutes quand vous en avez l'occasion : en famille, entre amis, ou avec vos voisins de table dans le café du coin. Cela peut être une occasion de créer de la discussion, voire d’arracher au camp d’en face quelques partisans. Mais attention, venez préparé ! Vous devrez affûter vos arguments bien avant la confrontation. L’exigence d’égalité, les droits de l’enfant, la réalité de la PMA depuis des années dans des tas d’autres pays (la Belgique, l’Espagne, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni)... Même Buffy avait toujours un pieu dans la poche !
6 - SACHEZ ÉVALUER LES FORCES EN PRÉSENCE
Si votre vieil oncle réac’ et proche de la sénilité est un indécrottable homophobe, épargnez-vous cette bataille lors du dîner d'anniversaire de tatie Valérie. Elle va vous épuiser pour un résultat couru d’avance. Et risque même de vous gâcher le goût de votre gratin dauphinois préféré. Comme disent les Anglais: “Ne jamais se battre avec un cochon. Tout le monde en sort sali. Et le cochon aime ça."
7 - TROUVEZ DES ALLIÉS
Si toute votre famille ou votre entourage est à jour de leurs cotisations à la Manif pour tous, peut-être qu’il va vous falloir forcer sur le kirsch pour supporter les discussions. Mais si vous avez envie d’en découdre, évitez de jouer les fantassins isolés. Trouvez, si possible, des alliés parmi vos proches. Appuyez-vous sur votre cousine gay-friendly, votre frère bienveillant. Ou pourquoi pas votre sœur, toujours célibataire, qui se dit qu’elle aussi aimerait bien avoir la possibilité de pouvoir faire un bébé par PMA, si elle ne trouve pas de mec ! C’est bien connu, l’union fait la force.
8 - REPÉREZ LES ISSUES DE SECOURS
Ayez toujours un plan d’extraction d’urgence en cas de dîner de famille ou de soirée à risque (pot de boulot pas très friendly, soirée avec des anciens du lycée...). Un ami capable de passer à l’improviste. Une soirée en boîte avec des potes. Un vieux copain de fac de passage que vous devez absolument voir avant qu’il ne reparte au bout du monde. Bref, une porte de sortie. Et n’ayez pas honte: ce n’est pas une fuite, c’est du bon sens.
9 - DÉCONNECTEZ
Si au fur et mesure des mois qui passent les débats deviennent trop violents, et qu’à force de plateaux télé, d’éditos et d’engueulades au bureau vous sentez monter en vous l’anxiété : protégez-vous ! Prenez un peu de distance. Évitez les matinales politiques des radios et les chaînes d’info en continu. Filtrez vos réseaux sociaux. Bloquez les trolls et masquez les publications de votre cousine par alliance ultra- catho. Vous n’êtes pas venu sur Terre pour souffrir, ok ?
10 - AYEZ CONFIANCE EN L’AVENIR
Ce n’est pas la revendication de la PMA pour toutes qui nourrit l’homophobie. C’est une controverse biaisée, dans un pays qui n’aime rien tant que les polémiques. Cette étape importante va sûrement être un moment douloureux à passer. Mais il passera. N’oubliez pas que nous sommes du bon coté de l’histoire. Après des débats houleux, les Français acceptent majoritairement, et de plus en plus, le mariage pour tous. 60 % d’entre eux se disent favorables à la PMA pour les couples de femmes, selon un sondage du journal La Croix2. Ils n’étaient que 24 % en 1990...
