Comme son nom le laisse entendre, la dernière pépite de Netflix met du baume au cœur et fait rire à gorge déployée, en plus d'être de bonne augure pour la représentation des femmes lesbiennes dans la pop culture. On adore.
En cette période incertaine, tout remontant est bon à prendre. Dans le genre, Feel Good, avec son nom ô combien évocateur, s'impose comme une évidence. Créée outre-Manche, cette série est cosignée par Mae Martin, une humoriste canadienne qui, en plus de s'être fait une petite réputation dans le monde du stand-up, jouit d'une carrière florissante depuis son déménagement au Royaume-Uni. Preuve à l'appui avec cette fiction semi-autobiographique qui dépeint des personnages LGBT+ comme on en croise rarement à la télévision.
Disponible sur Netflix par chez nous depuis le 18 mars dernier, Feel Good retrace les aléas du quotidien d'une jeune femme, Mae, stand-uppeuse encore dans les starting-blocks. Dès le premier épisode, celle-ci fait la rencontre de George, une institutrice hétéro, et c'est là que tout se complique. Alors qu'une histoire d'amour éclot entre les deux principales intéressées, leurs démons respectifs vont venir semer le trouble. Là où George a du mal à accepter cette évolution inopinée de son orientation amoureuse, Mae, elle, est une ex-junkie qui essaie tant bien que mal de canaliser son addiction aux narcotiques.
Une histoire intime
Feel Good est composée de six épisodes. Un format propice à une session de binge-watching intensive. Le hic, c'est que la série de Mae Martin est empreinte d'une telle unicité, d'un telle personnalité, qu'on a plus envie de la savourer qu'autre chose.
Les amateurs d'humour typiquement british en auront également pour leur argent. Drôle grâce à un sens de l'absurde et un timing comique que seuls nos camarades anglo-saxons ont su maîtriser, Feel Good est garantie d'égayer votre journée.
Mais derrière les situations désopilantes justement distillées, la série n'oublie pas de se parer d'une profondeur nécessaire. Feel Good raconte une idylle lesbienne moderne et parvient avec malice à retourner les clichés.
Manifeste touchant sur la fluidité
Comme l'idée reçue, devenue ici running gag, que les femmes homosexuelles se précipitent dans une relation quitte à brûler des étapes. C'est exactement le postulat initial de la série. D'ailleurs le scénario est construit sur un lieu commun - une femme homo qui s'amourache d'une hétéro ayant du mal à s'assumer - mais réussit à en faire un manifeste touchant sur la fluidité. Même Mae ne se qualifie jamais explicitement en tant de lesbienne, laissant les étiquettes hors du narratif qu'elle a créé.
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Si Feel Good part de poncifs, c'est pour ensuite mieux s'en distancer. Au cinéma comme sur la petite lucarne, le public est rôdé aux histoires queer larmoyantes. Pas de ça ici. Mae Martin et son coscénariste Joe Hampson veillent à ne jamais faire de l'addiction un thème trop pesant. Cela ne veut pas dire que le sujet est traité avec une légèreté mal placée.
Au contraire, l'écriture fine de la série aborde avec sérieux mais sans dolorisme ni austérité ce sujet ô combien délicat – un peu comme Phoebe Waller-Bridge avait pu le faire dans sa série Fleabag avec la notion de deuil.
Une nouvelle ère pour les personnages lesbiens ?
Les personnages comme celui de Mae sont loin d'être monnaie courante. Une femme queer, au look presque androgyne, il n'y en a pas des masses à la télévision. A part peut-être dans Work in Progress, bijou intimiste de l'humoriste Abby McEnany, diffusé à l'automne sur HBO. Tout en étant distincte dans l'esthétique et le propos, les deux œuvres montrent cette image de la femme lesbienne que Hollywood semble se donner tant de mal à cacher. L'une se débattant avec la drogue, l'autre avec la dépression.
À travers elles, les séries nourrissent des réflexions intéressantes sur la sexualité, sur le genre et sur les limites que ces deux notions-là ont encore dans notre société hétéronormée. Elles s'emparent aussi, chacune à leur manière, d'un sujet fort habituellement laissé pour compte : le mal-être et les névroses qui traversent parfois la communauté LGBT+.
La force de Feel Good comme de Work in Progress réside dans leur tonalité. Grâce à un humour qu'on pourrait qualifier d'auto-dépréciatif et un sens de la mesure, elles partagent leur vécu – ou, tout du moins, une version fictionnelle de leur vécu – sans tomber dans la surdramatisation comme c'est le cas de beaucoup d’œuvres (souvent pensées par des hétéros, d'ailleurs). L'existence de ces deux productions sérielles et leur réussite soulignent l'importance d'une chose : lorsque les récits queers sont racontés par des personnes queers, le ton est toujours plus juste.
Phoebe de Friends !
Raison supplémentaire pour vous convaincre de donner sa chance à Feel Good : Lisa Kudrow ! L'iconique Phoebe de Friends campe ici la mère un brin particulière de Mae. Même ramassée sur elle-même, la série propose une myriade de personnages secondaires, parfois délicieusement parodiques, conférant une authenticité appréciable au récit. Savoureux !
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Crédit photos : Netflix/Channel 4