Le deuxième long-métrage de Céline Sciamma, sorti en 2011 en France, vient d'arriver dans les salles sud-coréennes. Et il rencontre un succès certain, se plaçant dans un contexte socio-économique particulier. Explications.
En 2011, Céline Sciamma présentait dans les salles obscures son deuxième film, Tomboy. On y suivait Laure, garçon manqué, qui profitait de son arrivée dans un nouveau quartier pour faire croire à ses nouveaux camarades qu'elle s'appelait Michaël. Succès d'estime en France, il connaît, plus de dix ans après, une nouvelle vie en Corée du Sud. En effet, plus tôt cette année, Portrait de la jeune fille en feu - le dernier film de Céline Sciamma - s'est imposé comme un carton dans les cinémas sud-coréens, devenant le long-métrage français amassant le plus d'entrées en l'espace de cinq ans. Fort de ce succès-là, Tomboy s'est donc offert une sortie en salles au pays du matin calme.
S'il ne récolte pour l'instant pas autant de recettes que le fameux Portrait, la sortie de Tomboy intervient dans un contexte d'essor socio-économique en Corée du Sud. Et le public y développe un appétit croissant pour les productions réalisées par des femmes ainsi que celles mettant en avant des protagonistes féminins. "Après #MeToo en 2018, il y a une vague de soutien féministe en Corée, explique l'activiste Dave Kim dans les lignes du Guardian. Cela a fortement affecté le marché des films d'art et d'essai. Le public par excellence, ce sont les jeunes femmes et elles ont davantage tendance à regarder des films avec une idée féministe ou bien réalisés par une femme".
Une stratégie de marketing intrigante
Mais le succès honorable rencontré par Tomboy près d'une décennie après sa sortie initiale peut s'expliquer aussi d'une autre manière. Pour accompagner la parution de films indépendants, certains distributeurs misent sur un stock limité de goodies que les spectateurs peuvent recevoir. Étant donné que le public majeur de ces films sont surtout des femmes, celles-ci se montrent actives sur les réseaux sociaux et partagent des photos de leurs goodies, contribuant à la promotion de l'œuvre.
Dans le cas de Tomboy, des pins ainsi que des cartes photo ont été offertes lors de séances spéciales ou bien en guise de récompenses à celles qui allaient voir le film à plusieurs reprises. "Cette façon de fonctionner est proéminente, détaille Hieu Chau, un programmateur de cinéma, au Guardian. Il y a des objets à collectionner pour différents films. C'est une façon de garder un morceau du film avec soi et de montrer physiquement son soutien à celui-ci".
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Depuis peu, des photos d'accessoires dérivés de Naissance des pieuvres ont commencé à faire leur apparition sur Instagram. Un constat peu surprenant quand on réalise que le tout premier long-métrage de Céline Sciamma est sorti le 13 août dernier dans les salles sud-coréennes. Après avoir séduit les États-Unis, la réalisatrice poursuit sa conquête du monde cinéphile.
Crédit photo : Pyramide Films