théâtreLes 12 Travelos d’Hercule, le projet drag qui nous en met plein la vue et plein les oreilles

Par Aurélien Martinez le 05/10/2020
Les 12 travelos d'Hercule

Avec La Citadelle, le collectif Les 12 Travelos d’Hercule nous offre un nouveau clip ambitieux, proche du court-métrage. Et confirme que cette troupe de drag-queen va faire parler d'elle. 

« Ma mère m’a dit reste à la maison / Dehors les hommes ont perdu la raison » : en voilà un refrain entêtant. Après avoir sorti l’an passé le morceau rappé Ainsi parlait Zaradouzetrav (on en avait parlé ici), le collectif Les 12 Travelos d’Hercule revient fort avec La Citadelle et son clip de 9 minutes dans lequel on découvre des drag-queens enfermées en pleine campagne bourguignonne par trois d’entre elles (leurs daronnes). Loin des hommes donc qui, s’ils ont l’outrecuidance de s’approcher, finiront en potage comme le chante l’une d’elles : « Si mes filles n’ont pas eu de père / Je vous l’avoue, je le confesse / C’est qu’ils sont morts dans mon repaire / Ils ont fini au fond du trou / Celui qu’il y a entre mes fesses. »

« Chaque mère a sa spécialité : celle qui bute les hommes, celle qui les baise et celle qui les mange » nous ont résumé les huit membres du collectif que nous avons interviewés juste avant la sortie du clip dimanche 4 octobre. Un clip dont ils sont particulièrement fiers, et ils ont de quoi. Avec aux manettes Isabelle Maurel (réalisatrice qui a déjà officié pour le groupe Arche ou la chanteuse Clio), La Citadelle s’apparente à un véritable court-métrage. « On voulait faire notre Telephone [le clip de 9 minutes 30 de Lady Gaga et Beyoncé – NDLR] ! Il y a vraiment une trame narrative qui rejoint la théâtralité de ce que l’on montre quand on est en spectacle. »

 

Mort au patriarcat !

L’univers de La Citadelle s’inscrit ainsi au cœur de l’aventure des 12 Travelos d’Hercule, « famille un peu particulière, recomposée-décomposée, qui part en couille façon mythologie grecque. Même si rien n’est vraiment fixe, les rapports entre les uns les autres bougeant selon les spectacles, les clips, les autres projets… » Pour cette vidéo, ils avaient envie de faire une chanson sur les trois vieilles de la bande. « L’un de nous a proposé un truc autour du droit d’importuner, mais ça a complètement dérivé comme on peut le voir ! » Reste la trame engagée du récit, ces drag-queens luttant (à leur façon, c’est-à-dire radicale) contre le patriarcat.

Les 12 Travelos d’Hercule, le projet drag qui nous en met plein la vue et plein les oreilles

« On est nous-mêmes des hommes, alors d’une certaine manière on s’occupe de notre cas avec ce clip ! Car il n’y a pas que les femmes qui ont à penser le rapport homme-femme. Mais attention, on ne porte pas la parole de femmes. À aucun moment on ne dit qu’on est des femmes. » Des hommes qui ont tout de même, bien sûr, conscience de ce que notre monde fait subir aux femmes. « Quand on est encore en drag-queen après les spectacles, il y a pas mal de spectateurs qui se permettent des choses très déplacées. Pour certains, la drag-queen renvoie l’image de la femme-objet que l’on a le droit de toucher, limite elle est là pour ça. Ça en dit long sur notre société… »

 

8 Femmes

En activité depuis trois ans, le collectif à la base composé de douze membres (d’où leur nom) s’est resserré avec le temps autour de huit. Comme on pouvait le découvrir dans Ainsi parlait Zaradouzetrav (chacun étant magnifiquement présenté), les 12 Travelos sont Florent Barret-Boisbertrand (Frau Hein Rita Kro), Kevin Blanchard (Ruby Camionnette), Alex Crestey (Françoise Hardly SußBerstein), Quentin Gibelin (Miss Blueberry), Pierre Laloge (Chipo la Tata), Colin Melquiond (Coco Mojito), Salvatore Pascapè (Bufala Fouff, anciennement Kimbo Kawa) et Tom Porcher (Demonia Lisa). Huit très bons comédiens, ce qui se voit sur scène dans leur génial cabaret queer où des chansons (Diam’s, Gloria Gaynor, un yodel…) interprétées en play-back servent de colonne vertébrale au spectacle comme pourrait l’être n’importe quel texte de théâtre. Comprendre qu’on est loin du show bricolé avec les moyens du bord ou du simple défilé de "beauty queens". « Pour nous le drag, c’est vraiment un clown qui se joue des genres. »

Les 12 Travelos d’Hercule, le projet drag qui nous en met plein la vue et plein les oreilles

Pourtant, malgré le succès qui monte, Les 12 Travelos, dont les membres sont éparpillés entre Lyon, Grenoble, Marseille et la Bourgogne, ne veulent pas se cantonner aux shows en play-back. D’où ces clips dans lesquels ils chantent (d’autres pourraient suivre – « Isabelle aimerait bien faire un truc avec nous dans l’espace, dans un vaisseau spatial. C’est une super idée ! ») ou encore un nouveau spectacle qu’ils répètent en ce moment et dans lequel ils entonnent eux-mêmes leurs compositions. « On a un champ des possibles énorme avec le projet des 12 Travelos. Si demain on a envie d’organiser une expo d’art contemporain à partir de la drag-queen, on ira ! On peut vraiment faire plein de choses. Même des mugs ! » Ils imaginent aussi, pourquoi pas, réaliser un jour un long-métrage, ou monter la pièce 8 femmes. On sait déjà qui jouera le rôle de Danielle Darrieux, n’est-ce pas Frau Hein Rita Kro ?

 

Les prochaines dates des 12 Travelos d’Hercule :

24 octobre 2020 : Saint-Étienne (pour l'association le Refuge)
28 et 29 janvier 2021 : Villefontaine (Théâtre du Vellein)
30 janvier 2021 : Grenoble (Théâtre 145)
19 février 2021 : Châlons-en-Champagne
10 et 11 avril 2021 : Grenoble (la Bifurk)
9, 10 et 11 juillet 2021 : Avignon (le Delirium)
28 août 2021 : Luzarches (festival des Carrières St-Roch)

 

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