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politiqueAffaire Cayeux : deux assos LGBTQI+ boycottent une rencontre avec le gouvernement

Par Nicolas Scheffer le 19/07/2022
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Deux associations ont décidé de ne pas se rendre à un "diner des fiertés" avec la ministre de l'Égalité après les propos homophobes de Caroline Cayeux.

Décidément, le gouvernement a un Cayeux dans la chaussure. L'exécutif n'arrive pas à faire oublier les propos homophobes de Caroline Cayeux, ministre de la Cohésion des territoires, depuis la pétition publiée sur têtu· appelant à la démission de trois ministres qui avaient tenu des propos discriminatoires lors du débat sur le mariage pour tous. Alors qu'un "dîner des fiertés" est organisé ce mercredi 20 juillet au ministère de l'Égalité, plusieurs associations refusent de rompre le pain avec la ministre Isabelle Rome qui a défendu sa collègue Caroline Cayeux, qui, alors qu'elle tentait de s'excuser pour ses sorties homophobes, a désigné les personnes LGBTQI+ comme étant "ces gens-là" et qualifié le mariage pour tous de "dessein contre-nature".

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Un dîner à l'hôtel du Petit Monaco, le ministère de l'Égalité, avait été organisé plusieurs semaines avant l'affaire, dans le cadre d'un "tour de France des associations LGBT+" d'Isabelle Rome. Si la date a été légèrement modifiée, ce diner n'a pas été remis en cause par la polémique. Mais il l'est par deux associations : l'association des Familles Homoparentales (ADFH) et Stop Homophobie. Ce mardi soir, SOS homophobie se réunissait pour déterminer s'ils dîneraient ou non sous les ors de la République.

"Nous ne pouvons pas participer à un événement festif avec le gouvernement, alors qu'il cautionne le discours homophobe de l'un de ses membres. Si Caroline Cayeux avait tenu des propos racistes ou antisémites, elle aurait été virée sur le champ. Ce qu'elle a dit est intolérable et ne saurait être excusé avec une coupe de champagne", s'emporte auprès de têtu· Alexandre Urwicz, président de l'association des familles homoparentales (ADFH). Pourtant, le ministère pensait avoir pris les dispositions nécessaires : pour éviter l'accusation de pinkwashing, "nous nous étions engagé à ne pas communiquer sur la rencontre avec les associations", pointe une source au ministère.

Stop homophobie n'a pas reçu d'excuses

Après son passage sur Public Sénat, Caroline Cayeux a présenté des excuses dans Le Parisien et assuré avoir envoyé une lettre d'excuses aux associations. "Je n'ai rien reçu", assure Terrence Khatchadourian, président de Stop homophobie qui ne sera pas là au dîner, non plus. L'Inter-LGBT+ a décliné l'invitation pour des questions d'agenda. "L’Inter sera par préférence présente à des réelles réunions de travail autour du plan, et dès la rentrée", pointe auprès de têtu· Mathias Nevière, co-président de l'Inter-LGBT.

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En revanche, l'idée du boycott ne plaît pas à toutes les associations. "Caroline Cayeux doit démissionner, elle n'aurait jamais dû être nommée. Mais je n'ai pas l'intention de le dire dans un tweet. Je le dirai à la ministre en face, calmement. On doit rester des interlocuteurs pour Isabelle Rome, même si nous ne serons pas ceux de Caroline Cayeux", soutient Catherine Michaud, présidente de GayLib, associé au parti radical, jointe par têtu·. L'association des parents gays et lesbiens (APGL) va dans ce sens. "Je ne vois pas Macron virer Cayeux et je ne vais pas perdre mon temps à réclamer sa démission. On a une opportunité d'avoir un dialogue avec Isabelle Rome, je préfère obtenir une politique publique favorable aux LGBTQI+ à une démission", fait valoir à têtu· Dominique Boren, président de l'APGL.

Crédit photo : Élodie Hervé pour têtu·