[Article à retrouver dans le magazine têtu· du printemps] Rien ne va plus entre Henri et Thom. À vieillir ensemble, ils en sont venus à se haïr. Les héros du film Les Tortues, de David Lambert, comédie romantique et sociale qui sort au cinéma ce mercredi 15 mai, retrouveront-ils l'amour ?
Du réalisateur belge David Lambert, la Semaine de la critique au Festival de Cannes avait repéré en 2012 Hors les murs, qui traitait sous forme de drame la rencontre de deux jeunes hommes avant que l’un d’eux ne soit incarcéré. Dans Les Tortues, il met cette fois en scène, avec un réjouissant humour décalé, un couple de sexagénaires gays : Thom, ex-drag queen anglaise devenu brocanteur sur un marché de Bruxelles, et Henri, ex-flic dont le récent départ à la retraite bouleverse leur vie conjugale.
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Pour interpréter ces deux personnages, David Lambert est allé chercher deux comédiens incontournables du cinéma social européen. Olivier Gourmet, connu pour son rôle dans Le Fils (prix d’interprétation à Cannes en 2002), campe un Henri bourru, excédé par son quotidien et un conjoint qu’il ne supporte plus. Dave Johns, qui s’est illustré dans le rôle-titre de Moi, Daniel Blake de Ken Loach (Palme d’or en 2016), incarne l’infortuné mal-aimé anglophone.
Les chemins du couple
De leur crise de couple, Les Tortues tire une comédie romantique et sociale qui s’inscrit dans l’ombre de la crise sida à Bruxelles. Dans un quartier populaire où nombre de leurs amis sont décédés, les deux hommes vivent dans une maison que leur a léguée un proche homosexuel avant de mourir. Leur relation semble prise en étau entre ce passé douloureux et un avenir qu’ils ne parviennent plus à écrire ensemble. Le logement cristallise leurs angoisses, d’autant qu’Henri, qui y passe désormais ses journées, aimerait s’y retrouver seul, sans ce mec qui lui pompe l’air et qu’il ne désire plus, mais trop précaire pour être mis à la porte. Thom vivote en effet de son activité de brocanteur, après avoir lâché le drag lorsqu’ils se sont rencontrés. Bien décidé à sauver son couple, il doit lutter contre ce temps passé trop vite et dans lequel il s’est lui aussi perdu, ces années ennemies qui les ont figés, Henri et lui, tout en grignotant ce qu’ils avaient construit à la hâte, dans la fougue d’une jeunesse cernée par la maladie.
Faut-il sauver nos relations moribondes sous prétexte qu’elles ont traversé les épreuves et les années ? Comment retrouver l’amour et le désir lorsque les chemins qui y mènent semblent avoir inexorablement disparu ? Et que se doit-on réellement les uns aux autres ? Voici quelques-unes des questions soulevées par David Lambert à travers ce récit d’une grande humanité.
>> Les Tortues, de David Lambert. Au cinéma le mercredi 15 mai.
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Crédit photo : Artemis Productions & Christal Films
