Dans son trou paumé, Kristen Stewart rêvait en regardant l'horizon, jusqu'à ce que débarque Katy O’Brian et ses biceps. La muscu va-t-elle permettre aux deux héroïnes de Love Lies Bleeding, sorti en salles ce mercredi 12 juin, de fuir la violence, la crasse et le machisme ?
Des muscles, des femmes, des femmes musclées : comment ne pas trouver sexy Love Lies Bleeding, le nouveau thriller romantico-saphique de Rose Glass que détestent les mascus lesbophobes. Kristen Stewart, alias Lou, une gérante de salle de sport, se trimballe en marcel et porte le mulet ; Katy O’Brian joue Jackie, sa partenaire qui exhibe ses biceps turgescents. Mais Love Lies Bleeding n’est pas un film des années 1980 sur le bodybuilding à base de justaucorps colorés et d’aérobic à la Jane Fonda. Les personnages ont autant de sang que de cyprine sur les mains. Dans un trou paumé du Nouveau-Mexique règnent la poussière et un homme véreux, le père de Lou. Chaque plan est maculé de crasse et de sueur qui se confondent parfaitement avec l’univers macho et viriliste.
Une salle de sport avec des posters motivants à base de “prends en main ton destin”, “ce qui ne te tue pas te rend plus fort”, des gémissements de bœufs en plein effort, des deltoïdes toujours plus massifs sous des débardeurs toujours plus riquiqui : voilà le vase clos dans lequel évolue Lou depuis toujours. Elle a adopté tous les codes de ce monde masculin, mais reste en marge. Elle a beau être à la tête de la salle de gym, son taf consiste essentiellement à récurer les chiottes en jouant profil bas. Lorsque Jacky – une montagne de muscles bisexuelle assez hot pour rendre un shaker de prot sensuel – débarque, elle chamboule ses perspectives, qui jusque-là consistent à baiser une plouc de temps à autre. L’alchimie entre les deux personnages est saisissante. Les scènes de sexe sont à la fois crues, primaires et esthétiques, donnant à la chair, omniprésente dans le film, une tout autre saveur.
Kristen Stewart en mode brute
C’est la loi du plus fort : œil pour œil, dent pour dent, le tout sous couvert d’ennui et de rêves brisés. Tout l’enjeu du film est de savoir qui aura l’apanage de la violence. Les personnages ne sont ni tout blancs, ni tout noirs. Tous les moyens sont bons pour s’élever, dépasser sa condition. Jacky, elle, mise sur la force brute, délaissée par les hommes de pouvoir qui lui préfèrent les armes à feu, symbole phallique s’il en est. Pour se tirer vers de nouveaux horizons, loin des magouilles du paternel, le couple mise tout sur une compétition de culturisme. En transcendant les limites du corps humain, elles espèrent briser le plafond de verre.
En un sens, c’est grâce à leur union qu’elles tiennent tête aux hommes qui leur bloquent le passage. Kristen Stewart n’est pas taillée dans le marbre mais c’est par elle que le muscle se construit. Elle fournit le blanc d’œuf… et la sauce magique. Elle fait la passerelle entre la force brute, naturelle, et celle fabriquée de toute pièce, jusqu’ici chasse gardée des hommes du club. Les dés sont pipés, alors pourquoi jouer selon les règles ? Reste à savoir si Lou la mènera vers le succès ou si elle met elle-même le ver dans la pomme.
>> Love Lies Bleeding, de Rose Glass. Au cinéma.
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Crédit : Metropolitan FilmExport