Ils ont longtemps cru nous "soigner" de ce que l'on est. Dans Les Fleurs du silence, film de Will Seefried, un jeune artiste gay subit les "thérapies de conversion" en vogue dans le Royaume-Uni des années 1920.
Lorsque les homophobes n'ont plus eu recours à la religion et au péché pour s'opposer à nos désirs, ils se sont reportés sur la médecine. Les Fleurs du silence, de Will Seefried, au cinéma ce mercredi 30 avril, suit le destin d'Owen, un jeune écrivain britannique, victime des "thérapies de conversion" pendant les années 1920. Interné dans un hôpital psychiatrique, il sympathise avec son infirmière et lui raconte son histoire d'amour avec Philip qui, un jour, lui a annoncé qu'il comptait subir une opération chirurgicale à risque dans l'espoir d'éradiquer son attirance pour les hommes.
Changer ou demeurer
Avant Les Fleurs du silence, d'autres films ont abordé le sujet des "thérapie de conversion", avec une dramaturgie variable : But I'm a Cheerleader (2004), Come as You Are (2018), Boy Erased (2018)… En dépit de son propos, le premier long-métrage de Will Seefried n'oublie pas de laisser entrer la lumière. D'abord à travers des moments intimes et intenses entre ses deux protagonistes masculins. Puis quand Owen et un autre de ses amants, Charles, partagent une tendresse presque salvatrice. Tous les moments d'affection et d'amour ont lieu au même endroit, un cottage coupé du monde, et des jugements. Le film se partage ainsi entre deux atmosphères strictement opposées, mais à la photographie tout aussi soignée : ce havre isolé où s'aimer au grand jour, et l'asile froid et austère où Owen revient sur son passé. Une esthétique captivante au service d'un propos développé avec justesse.
Les Fleurs du silence n'est pas une simple fiction sur un passé haïssable – les "thérapies de conversion" demeurent une réalité dans plusieurs endroits du monde. Il s'agit aussi d'un film sur les multiples manières d'appréhender sa sexualité, a fortiori au sein d'une société homophobe : Owen est convaincu que la clé est de vivre éhontément en faisant fi du regard extérieur ; Philip associe son identité au malheur, prêt à tout pour la changer ; Charles accepte son homosexualité, mais préfère la vivre caché. Ces personnages nous touchent dans leurs choix respectifs, que certains d'entre nous, même aujourd'hui, ont pu éprouver à différents moments de leur vie. Des choix légitimes. Alors que la répression, elle, ne le sera jamais.
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Crédit photo : ASC Distribution