design"Penser son intérieur c'est une réflexion sur soi"

Par Philippe Quintin-Stern le 30/05/2025
Anthony Grosbois tient la boutique Les Esthètes, à Nantes.

[Rencontre à retrouver dans le magazine du printemps] Dans sa belle boutique Les Esthètes, à Nantes, Anthony Grosbois, un chineur de 36 ans comme on n'en fait plus, propose des pièces vintage – souvent signées – à prix raisonnables, pour un shopping seventies.

Photographies : Sarah Witt pour têtu·

  • • L'esprit des Esthètes

Je me suis installé ici il y a quatre ans et demi, sachant que j'ai mis plus d'un an à dénicher cet espace. Jusqu'ici, j'avais un positionnement populaire/brocante, avec des prix extrêmement raisonnables. Depuis le début de l'année, je monte une sélection de pièces uniques, plus rares, souvent signées. Je rêve maintenant de lancer des travaux dans la boutique, qu'elle soit plus épurée, encore plus claire, avec une touche galerie design.

  • • Mon inspiration

On la trouve sur ce tote bag (à 7€) avec l'inscription "Ce qui est beau est bon pour l'âme"… C'est une trouvaille que j'ai faite avec ma sœur, un amalgame de citations de la poétesse de la Grèce antique Sappho. Depuis que je suis ado, je vis pour cette idée. Je dessinais des intérieurs, je changeais tout le temps les choses de place, je repeignais ma chambre. Au-delà du beau, penser son intérieur, c'est une réflexion sur soi, c'est répondre à une question existentielle : qui suis-je ? Après le bac, j'ai fait une prépa arts appliqués, puis un BTS design d'espace. L'architecture d'intérieur me tente, mais je n'ai pas le temps car je me consacre entièrement à la boutique.

Boutique Les Esthètes à Nantes.
  • • Ma période vintage

Plutôt une décennie de prédilection : les années 1970. Chaque fois que je vais chiner, les pièces sur lesquelles je m'arrête sont toutes – ou presque – de cette période-là. Les formes et les matières de ces objets naviguent entre rétro et modernité sans tomber dans l'antiquité ni l'avant-gardisme : un parfait équilibre qui me correspond.

  • • Mon intérieur

J'ai un copain depuis deux ans et demi, et depuis huit mois nous habitons ensemble dans son appartement. C'est compliqué, on n'a pas du tout les mêmes goûts ! Lui, c'est le genre design minimaliste, que l'on peut trouver beau mais qui selon moi est trop consensuel. Du coup, je lui semble totalement loufoque. On cherche un tapis et une table basse depuis six mois, on ne tombe jamais d'accord. Pour l'instant, je reste conciliant, c'est du temporaire, mais bientôt nous allons déménager et là, la vraie bataille va commencer !

  • • Mes pièces fétiches

Je trahis un peu les seventies : le fauteuil Wassily de Marcel Breuer, en tubes d'acier et cuir, un monument du style Bauhaus qui date de 1925. Dans l'esprit des années 1970, j'aime beaucoup les fauteuils de la Britannique Faye Toogood et le canapé Tufty-Time de l'Espagnole Patricia Urquiola pour l'éditeur B&B Italia. J'adore aussi les maisons de l'architecte italien Carlos Scarpa, né au début du siècle dernier, et, dans un autre genre, les intérieurs de la créatrice américaine Kelly Wearstler.

  • • Mon design faux pas

Les vases ou les dames-jeannes avec des pampas : je n'en peux plus. Mon copain m'a fait cette mauvaise surprise récemment – je lui ai dit que je détestais et on a beaucoup ri. J'ai du mal avec les laminés de faux bois, faux marbre, faux béton, etc. Les pièces avec un seul pan de mur coloré aussi, ça suffit ! Et enfin, je trouve le rouge agressif, il m'évoque la colère, l'excès et le tape-à-l'œil.

>> Les Esthètes, 27, rue de Strasbourg, à Nantes.