cultureExposition "Omnidyke" à Paris : jeu de mains, jeu lesbien

Par Eloïse Peslin le 01/07/2025
"Omnidyke" à Paris

Dans son exposition Omnidyke, la photographe italienne Sara Lucas Agutoli met à l’honneur la diversité des mains lesbiennes, et renverse l’iconographie chrétienne byzantine pour faire de la main un symbole lesbien érotique et militant. Dernier jour pour en profiter ce mardi 1er juillet !

La photographe italienne Sara Lucas Agutoli présente dans le XXe arrondissement de Paris Omnidyke, une exposition dédiée à la main lesbienne. Dans la pièce rectangulaire de l’espace Julio, un pan de mur est tapissé de photos de mains, placées dans deux positions : tantôt l’index et le majeur tendus, avec les autres doigts repliés, tantôt le pouce et l’annulaire joints. Pour constituer cette “archive de portraits lesbiens, catalogue non exhaustif des mains lesbiennes”, plus de 100 personnes entre Paris et Bologne ont répondu présentes. Et étonnement, on ne voit pas tant de bagues au pouce.

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Mais si les mains sont omniprésentes, c'est aussi pour faire exister le hors-champ. “J’aime le fait qu’on puisse imaginer le corps attaché à chaque main, et pour cela prendre le temps d'observation nécessaire forcément plus long que lorsqu'on a face à soi un portrait classique. On ne tombe pas directement dans les stéréotypes sur le style vestimentaire de la personne, on ne voit pas si elle est grande, grosse, valide…”, explique la photographe. Dans la salle d’exposition, on laisse libre cours à notre imagination : en plus de tenter de visualiser la personne derrière chaque main, on peut également essayer de deviner sa personnalité à partir de ses tatouages, bijoux, ongles ou manches qui dépassent. Pour accompagner cette recherche de proximité, les participantes au projet ont laissé dans une boîte des messages, des déclarations d'amour, de courts poèmes ou encore leurs réflexions sur la symbolique de la main.

Sensuelles, érotiques et antipatriarcales

"Les mains sont un outil assez important de la vie lesbienne", explique Sara Lucas Agutoli, "dans la pratique mais aussi en termes de représentation." Il n'est d'ailleurs pas rare d'analyser celles de sa crush pour tenter de deviner si elle mange à la cantine. Mais ces mains que l'on voit pourtant tous les jours, à la boulangerie, dans le métro, etc., ont aussi pour les lesbiennes une charge sensuelle. “C’est clair qu’en tant que lesbienne, on aura un regard complètement différent de celui d'une personne hétéro qui, face à ces clichés, ne ressentira peut-être pas ce même sentiment, cet érotisme”, analyse la photographe.

Si la référence ne saute pas aux yeux de prime abord, Omnidyke a été travaillé à partir de l'iconographie chrétienne byzantine, où le Christ est représenté la main levée, deux doigts tendus. En photographiant des mains lesbiennes dans ces postures religieuses, Sara Lucas Agutoli veut déconstruire la symbolique du pouvoir hétéropatriarcal. Ça nous donnerait presque envie d’imaginer une appli de dating avec uniquement des photos de mains. 

>> Omnidyke, de Sara Lucas Agutoli. Jusqu’au 1er juillet 2025, de 15h à 19h au Julio artist-run space, 13 rue Juillet (Paris 20)

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Crédit photo : Sara Lucas Agutol

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