Cannes"The Chronology of Water", le premier film choc de Kristen Stewart réalisatrice

Par Florian Ques le 19/05/2025
"The Chronology of Water", le premier film de Kristen Stewart comme réalisatrice.

Forte d'une déjà belle carrière d'actrice, Kristen Stewart passe derrière la caméra en s'emparant de l'histoire vraie de Lidia Yuknavitch, une écrivaine américaine victime d'abus physiques et sexuels par son père. En découle un film radical, The Chronology of Water, difficilement aimable mais si prometteur.

Ajout de dernière minute à la sélection Un Certain Regard du Festival de Cannes 2025, The Chronology of Water est de ces films qui pâtissent de leur horaire de projection. À 22h30, après une longue journée de séances et de rencontres, difficile de se laisser pénétrer par le premier long-métrage aussi exigeant qu'éprouvant de Kristen Stewart. Pour sa première fois au poste de réalisatrice, l'actrice de 35 ans a choisi d'adapter le livre autobiographique éponyme de Lidia Yuknavitch – publié en France en 2014 sous le titre La Mécanique des fluides (Denoël) – et d'ainsi dresser le portrait d'une jeune femme traumatisée par son père violent et incestueux.

À lire aussi : Cannes 2025 : "Des preuves d'amour" ou la galère de la maternité lesbienne

De l'enfance aux premiers remous de l'âge adulte, le film explore la vie maintes fois brisée de son héroïne, un temps nageuse aux espoirs olympiques. Sa carrière est sabotée par l'impact des sévices que lui a fait subir son géniteur, entre viols et agressions physiques et verbales. L'alcool, les drogues et le sexe – avec des hommes comme avec des femmes – deviennent alors ses alliés pour anesthésier la douleur mais finissent évidemment par lui causer davantage de problèmes. Au-delà d'une grande sœur qui s'efforce d'être présente malgré ses propres troubles psychologiques, l'écriture apparaît alors comme seul refuge pour avancer, tant bien que mal.

Trauma sur trauma

C'est à la comédienne britannique Imogen Poots, repérée dans des œuvres comme Green Room ou The Father, que revient la dure tâche d'interpréter ce personnage malmené. Une prestation qui force l'admiration tant la caméra et la scénario ne lui épargnent rien. The Chronology of Water s'apparente à une succession de tragédies, comme de nouvelles entailles faites encore et encore sur le corps mutilé de sa protagoniste, filmées par des plans serrés étouffants et contées via une narration crue et volontairement dérangeante.

Pour son premier film en tant que cinéaste, on ne peut pas dire que Kristen Stewart y soit allée de mainmorte. Ici, les atrocités sont commises en plein jour. En résulte un récit frontal, anxiogène et qui, malgré une photographie plutôt lumineuse, ne laisse jamais entrer la lumière. Le montage est frénétique, et les envolées de mise en scène donnent parfois le tournis. Une prise de risque pour la néo-réalisatrice, qui propose une œuvre difficile à aimer mais une expérience de cinéma radicale.

À lire aussi : Cannes 2025 : avec "Enzo", le tandem Campillo-Cantet sur les chantiers du désir

cinéma | film | culture | Festival de Cannes

Crédit photo : Les Films du Losange