PrEPTémoignages : pourquoi ils ne mettent plus de préservatifs

Par Jérémy Patinier le 25/07/2017
préservatif

Les gays sont soumis à une double contrainte : se protéger du VIH avec un préservatif OU prendre des risques et se sentir coupable (ou jugé). Pourtant, certains assument désormais, depuis que le tabou du bareback est tombé dans les années 2000, l’abandon – régulier ou sporadique – du préservatif. Comment l’expliquent-ils ? Nous avons demandé aux lecteurs de TÊTU de témoigner…

Même si le préservatif est un outil sûr et efficace, les chiffres de contamination chez les gays laissent à penser qu’il est de moins en moins utilisé. Sa nature même, enfiler un morceau de latex au moment M de la relation sexuelle, joue en sa défaveur depuis toujours. Dans le feu de l’action, avec l’alcool et la gêne… Les présos restent souvent dans leurs étuis… Dans les résultats d’une enquête en ligne dirigée par le Centre LGBT de Paris fin 2016, on note que le préservatif reste massivement utilisé : seul un gay sur quatre l’utilise peu ou jamais. Les deux principaux problèmes sont la diminution de sensation ou un ressenti désagréable (pour 60,5%) et la peur de perdre son érection (54,8%). Seuls 11.1% des répondants déclarent que le problème rencontré avec le préservatif est son coût.

Difficile de trouver le bon préservatif

Lors de nos entretiens, les lecteurs disent pratiquer aussi la réduction des risques par le choix des partenaires et des pratiques sexuelles. D’autres sont protégés par la PrEP. Nicolas précise : "Je prends le risque pour la fellation, mais je refuse qu'on m'éjacule dans la bouche et que le partenaire avale mon sperme. Par principe…" Certains sont vraiment allergiques – physiquement – et se procurent des préservatifs sans latex ou ultra-fins, mais Abbu détaille aussi la difficulté à trouver le "bon préso" : "Beaucoup de gens bien membrés renoncent à en utiliser... Une capote trop serrée, c’est insupportable... Il existe différentes tailles, mais ça n’est promotionné nulle part".
 

À LIRE AUSSI

 

La "peur du rejet"

Pour Guillaume, c’est un vrai problème d’image et de bien-être global : "Il y a toujours cette voix en moi qui me ressasse que je ne suis pas assez bien pour être aimé, que je n’en vaux pas la peine, que je suis trop efféminé, pas assez amusant… Quand je rencontre un garçon à qui je semble plaire, j’ai tellement peur de merder, de ne pas être assez bon au lit, que lorsqu’on fait l’amour, par peur du rejet, je me retrouve incapable de demander qu’il mette une capote. Souvent… je ne dis rien."

Le préso chez les séropos

Les séronégatifs et séro-interrogatifs déclarent utiliser la capote à près de 80%. Les séropositifs, eux, sont encore 53,3% à le faire. Pour Thomas : "Être séropo m'a permis de me libérer de cette question, je fais juste des tests tous les 3 mois pour les IST autres que le VIH. Avant, je l’utilisais par obligation, sauf quelques fois où j'étais trop défoncé – et c'est comme ça que j'ai été contaminé, d'ailleurs. Puis, comme j'ai "décroché la timbale", je me suis libéré d'une contrainte…" Une personne séropositive bien traitée a de fortes chances d’avoir une charge virale indétectable et donc de ne pas transmettre le virus du sida. Mais le préservatif a le mérite de limiter la transmission des autres IST, et d’éviter les coinfections ou la peur irrationnelle de transmettre malgré la protection…
 

À LIRE AUSSI

 

Pour lire la suite de cet article, retrouvez le TêtuMag d'été en kiosque !