Suite à des sanctions de la FIFA, la Fédération Mexicaine de Football (FMF) dévoile une campagne anti-discrimination tout en contestant les faits reprochés.
Dans le cadre de la campagne intitulée Abrazados por el fútbol (une accolade pour le football), la FMF a fait appel aux plus grandes stars du football mexicain pour soutenir son initiative anti-discrimination. Ainsi, des footballeurs tels que Javier Hernández, Rafael Márquez et Andrés Guardado apparaissent dans des vidéos de 30 secondes pour soutenir la lutte contre toutes les formes de discrimination, notamment contre l'homophobie.
Cette campagne fait suite aux amendes et avertissements qu'ont reçus plusieurs fédérations de football sud-américaines, dont la fédération mexicaine. En effet, la FIFA a infligé à la FMF une amende de 20,000 francs suisses, la plus lourde sanction étant celle de 70,000 francs suisses essuyée par la fédération chilienne.
La FIFA reproche à ces fédérations nationales les chants homophobes qu'ont scandés certains supporters lors de plusieurs rencontres, notamment durant les qualifications pour la Coupe du monde. En effet, certaines des paroles de ces chants ont été jugées homophobes par l'instance internationale, notamment au travers de mots tels que joto (tapette en espagnol).
Une attitude de la FMF pour le moins étonnante
Cependant, l'attitude de la FMF est pour le moins étonnante. Alors que cette dernière vient de lancer cette campagne anti-discrimination, reconnaissant ainsi le problème soulevé et sanctionné par la FIFA, elle avait exprimé son intention de contester les sanctions prise à son encontre. Pour sa défense, la FMF souligne qu'en 2014 la FIFA avait abandonné ses poursuites contre le Mexique pour des faits similaires, car elle avait jugé que les chants "n'étaient pas considérés comme insultants dans ce contexte spécifique". Au sujet des sanctions actuelles, le secrétaire général de la FMF, Guillermo Cantú, a déclaré :
Cela a déjà été soulevé l'année dernière lors de la Coupe du monde et le résultat était favorable. Il y a un précédent en notre faveur.
L'autre argument mis en avant par la FMF est que ces chants ne sont en rien homophobes, qu'ils sont traditionnellement utilisés par plusieurs équipes de football sud-américaines depuis plusieurs décennies, visant simplement à mettre la pression sur le gardien adverse lorsqu'il renvoie le ballon. Guillermo Cantú a d'ailleurs indiqué :
Les chants ne sont pas discriminatoires. Il faut comprendre certains mots culturellement.
Le coach mexicain de l'époque Miguel Herrera partage cet avis, en y voyant même un non-problème :
À propos des chants, on a rien à dire, on va se concentrer sur notre entraînement... On supporte nos fans. Ils le font juste pour mettre la pression sur le goal... Il n'y a rien de sérieux là dedans.
Les fans sont nombreux à avoir également pris parti en faveur des supporters et contre la décision de la FIFA en soulignant le caractère culturel et non-homophobe de ces chants, notamment dans les commentaires des articles relayant les différentes informations à ce sujet.
La banalisation de l'homophobie dans le monde du foot
Sous couvert de particularisme culturel et de traditions, il semble que le milieu footballistique mexicain (fédération, entraîneurs, fans...) ait encore du mal à considérer que le fait de hurler "tapette" pendant des matchs de foot puisse heurter la sensibilité de certains. En effet, pas sûr que les supporters, joueurs ou simples spectateurs homosexuels apprécient grandement ce genre de démonstration.
D'ailleurs, comme l'ont souligné certaines personnes dans les mêmes commentaires d'articles cités précédemment, il y a probablement d'autres manières de soutenir son équipe sans pour autant utiliser un vocabulaire qu'on aimerait voir relégué aux oubliettes.
In fine, si l'initiative de la FMF est louable et qu'on ne peut qu'apprécier que des joueurs de renom s'y soient prêtés, il semble qu'il reste un long chemin à parcourir dans le monde du foot pour que l'homophobie cesse d'être banalisée.
[embedyt] http://www.youtube.com/watch?v=w0bt2SvCpig[/embedyt]