La réouverture de la ligne Paris - Téhéran suscite de nombreuses inquiétudes au sein du personnel d'Air France. Après les hôtesses refusant de porter le voile à leur arrivée, c'est au tour des stewards homosexuels de faire entendre leur voix.
Il y a deux semaines, certaines hôtesses d'Air France avaient fait part de leur refus de voler vers Téhéran, notamment car la compagnie aérienne leur demandait de se voiler à l'arrivée. Une atteinte à leur liberté et à leurs valeurs pour nombre d'entre elles. Un accord avec la direction avait été finalement trouvé lundi 4 mars. Les hôtesses ne souhaitant pas se rendre à Téhéran pourront se désister et prendre un autre vol. C'est ce que nous avait confirmé le service de Relations Presse d'Air France. "Fin de la polémique".
Pas si sûr ! Nous avions également souhaité connaître le point de vue de la compagnie aérienne sur l'inquiétude de son personnel naviguant LGBT de desservir Téhéran. Nous avions essuyé une fin de non recevoir malgré notre insistance, Air France se bornant à répéter : "nous n'avons aucune déclaration à faire, ce n'est pas le sujet".
Cependant, il semblerait que le "non-sujet" ce soit aujourd'hui transformé en une nouvelle polémique. En effet, une pétition publiée sur change.org circule depuis quelques jours. Elle vise à demander à Air France "d'accorder aux membres d'équipage gays le droit de refuser de se rendre dans un pays où ils pourraient être tués pour qui ils sont". Rappelons ici que l'Iran condamne fermement l'homosexualité, notamment la sodomie, laquelle peut être passible de la peine de mort.
Air France ne propose pas de volontariat sur Téhéran pour le personnel LGBT
TÊTU a donc souhaité recontacter le service de Relations Presse d'Air France pour recueillir la position de la compagnie sur ces récents développements. L'oreille était, cette fois, beaucoup plus attentive. On nous a expliqué que "nombre de pays dans le monde ont une législation restrictive sur l'homosexualité" et que "Air France n'as pas eu de problématique ces dernières années sur les pays cités" (Algérie, Maroc, Sénégal, Arabie Saoudite, Malaisie...). Air France fait également valoir que bien que "à l'écoute des problématiques individuelles", la compagnie doit "gérer un grand nombre de plannings avec une grande complexité". Pour cette raison, Air France ne propose pas de politique de volontariat, "à l'instar de ses concurrents".
Cependant, l'argument avancé par les stewards du groupe Air France / KLM est de taille : "Pour des raisons autant morales qu'humaines, il est inconcevable de forcer quelqu'un à se rendre dans un pays où ses semblables sont condamnés pour qui ils sont". La compagnie sera-t-elle amenée à revoir sa position ?
Ce matin, la pétition avait atteint 1112 signatures. Elle sera prochainement remise au secrétaire d'État chargé des transports, Alain Vidalies, ainsi qu'au PDG d'Air France, Frédéric Gagey.