L'ex-sénateur américain Harris Wofford - 90 ans - a publié une longue lettre dans le New York Times dans laquelle il revient sur sa vie sentimentale et annonce son mariage avec un homme.
Harris Wofford est de ces personnes qui comptent politiquement aux États-Unis. Sénateur de Pennsylvanie de 1991 à 1995, il est battu de justesse lors de sa campagne de réélection. Cependant, cela n'entame en rien son aura politique. En effet, celui qui a été le conseiller spécial de John F. Kennedy sur les droits civiques a bien failli devenir vice-président sous Bill Clinton, lequel lui a préféré Al Gore. Enfin, il fut l'un des représentants de Barack Obama lors de sa campagne présidentielle de 2008. En somme, un homme respecté, écouté et influent.
La publication d'une lettre d'un personnage aussi illustre ne pouvait donc passer inaperçue, fût-elle publiée dans le New York Times. À travers celle-ci, Harris Wofford revient sur sa vie sentimentale. Tout d'abord, sur son amour avec Clare Lindgren, sa femme pendant presque 50 ans. Il y évoque leur rencontre pendant la Seconde Guerre mondiale puis leur vie - de la Grande Dépression à Martin Luther King - jusqu'au décès de son épouse il y a 20 ans.
Harris Wofford est alors âgé de 70 ans et comme il le dit lui-même, il "se pensait trop vieux pour chercher ou espérer une autre idylle". C'était sans compter sa rencontre avec Matthew Charlton sur une plage de Fort Lauderdale en Floride, cinq ans après le décès de Clare. "J'ai senti un moment magique et je n'ai pas voulu le laisser passer" raconte-t-il. L'ancien sénateur a tout de suite souhaité mieux connaître cet homme qui le fascinait. Ils ont traversé les États-Unis ensemble puis on voyagé en Europe, leur amitié se transformant petit à petit en un profond amour, et ce malgré les 50 années qui les séparent.
Harris Wofford va épouser son compagnon Matthew Charlton
Les deux hommes partagent leur vie depuis maintenant 15 ans et ont décidé de se marier. La cérémonie est prévue le 30 avril. À propos du mariage pour les couples de même sexe, Harris Wofford explique :
Pendant longtemps, je n'imaginais pas que l'idée et le destin puissent se rencontrer de mon vivant pour produire égalité devant le mariage pour les couples de même sexe. Je me focalisais sur d'autres combats important pour la nation, notamment sur le service militaire pour tous. Chercher à changer quelque chose de si profondément enraciné dans la loi et l'opinion publique que la définition du mariage me paraissait impossible.
J'avais tort et n'aurais pas dû être si pessimiste. Il est juste d'étendre notre conception du mariage pour inclure tous les Américains qui s'aiment entre-eux. (...) À l'âge de 90 ans, je suis chanceux d'être dans une époque où la Cour Suprême a renforcé ce que le président Obama appelle "la dignité du mariage" en reconnaissant que celui-ci n'est pas basé sur la nature sexuelle de quelqu'un, ses choix ou ses rêves. Il est basé sur l'amour.
Ce témoignage est important pour de nombreuses raisons. Premièrement, il montre que l'amour se joue des conventions et des barrières sociales. L'amour n'a pas d'âge, l'amour n'a pas de sexe, l'amour est universel. Deuxièmement, qu'un politique américain de cette envergure et de son âge fasse publiquement part de son intention de se marier avec un homme ne peut que favoriser l'acceptation du mariage homosexuel. Enfin, ce témoignage prouve que dans la vie rien n'est jamais acquis, qu'on peut être surpris à chaque instant au plus profond de ses convictions, qu'on peut retrouver espoir alors que tout semblait terminé. Et surtout que le droit d'aimer est inaliénable.
Retrouvez l'intégralité de cette lettre en anglais sur le site du New-York Times.
Crédit photo de couverture : amt/DPA
