Cette semaine se tiendra la Pride de Los Angeles, évènement vivement critiqué depuis qu’il s’est mué en festival de musique branché, comme le rapporte le L.A. Times.
« Ce qu’ils ont fait est une commercialisation flagrante de la Pride, et un mépris de l’histoire et de l’héritage de la communauté LGBT de Los Angeles » s’exclame Peter Cruz, directeur associé de l’Asian Pacific Aids Intervention Team. Ce militant dénonce la tournure de la Pride de Los Angeles, organisée par l'association Christopher Street West.
Cette année, les organisateurs ont effectivement apporté d’importantes modifications à l’évènement annuel célébrant la fierté gay, lesbienne, bi et trans : l’espace associatif et de prévention a été diminué au profit des concerts de stars internationales comme Carly Rae Jepson, Charli XCX ou Krewella, augmentant les coûts de production et par conséquent celui des billets.
Drainer un public jeune et déconnecté du passé militant
Mais pourquoi transformer la Marche des fiertés commémorant depuis 1970 l’émergence du militantisme homosexuel aux États-Unis – suite aux célèbres émeutes de Stonewall à New York - en un festival de musique branché rivalisant avec les line-up les plus prisées ? Afin de séduire les jeunes. Christopher Classen, le président de Christopher Street West, précise ainsi que 80% du public de la Pride 2015 avait moins de 34 ans. Or, selon lui, « les milliennials trouvent que le moyen le plus efficace de communiquer avec eux est la musique live » et « ne comprennent plus le contexte historique de la manifestation ».
C’est donc pour se reconnecter avec la future génération et continuer de faire vibrer la Pride que le comité organisateur de la Marche aurait décidé de transformer l’évènement en un « Coachella gay » comme le déplore les associations, au risque d’étioler la base revendicative de la manifestation.
Dans cette optique, les organisateurs pensaient même rebaptiser l’évènement « L.A. Music Pride », confirmant le tournant musical plutôt que politique du rassemblement. D’ailleurs, une fois sur le site de la L.A. Pride, difficile de deviner la portée militante de la mobilisation derrière la playlist et les photos d’artistes ! Christopher Street West a finalement reculé face à la levée de contestations qui s’est élevée depuis les rangs associatifs derrière le hashtag #NotOurPride.
#NotOurPride ou la colère des associations LGBT
Le Democratic Club Stonewall a par exemple annoncé qu’il n’achètera pas de stand à l’évènement car celui-ci avait été « dépouillé » par cette commercialisation. Les associations trans ont également dénoncé cette nouvelle orientation qui réduit l’espace accordé aux personnes transgenres, tant au cours de l’évènement que pendant la campagne de communication, sans compter que le prix des billets discrimine cette communauté qui serait plus précaire financièrement.
Ce boycott a permis de ramener le prix des billets à 30 $ au lieu des 35 $ prévu (contre 25 $ l’année dernière) ; 500 billets seront aussi distribués aux organismes à but non-lucratif. En outre, Christopher Street West a opté pour un slogan plus inclusif : « Own Your Pride », invitant tous les participants à s’approprier l’évènement mais laissant tout de même un goût amer aux associations.
Malgré ce climat mouvementé, la Pride de Los Angeles débutera le vendredi 10 juin et finira en beauté sur la L.A. Pride Parade, la Marche des fiertés gays lesbiennes, bi et trans, dimanche 12 juin.
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