Mexique : le "mariage pour tous" se dispute dans les urnes

Par Julie Baret le 09/06/2016
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Alors que le président du Mexique souhaite légaliser le "mariage pour tous" à l’échelle fédérale, son parti politique vient d’essuyer une lourde défaite électorale.

La généralisation du « mariage pour tous » sur l'ensemble du territoire mexicain est un parcours long et semé d’embuches. Depuis 2009, plusieurs États adoptent l’égalité devant le mariage tandis que d’autres continuent de réduire le mariage à l’union d’un homme et d’une femme. Une restriction finalement condamnée et déclarée inconstitutionnelle par la Cour suprême de justice du Mexique en juin 2015, laquelle légalisait alors le « mariage pour tous ». Depuis, des mariages entre hommes et entre femmes sont célébrés dans tout le pays, mais exigent une procédure plus longue et plus complexes que les mariages hétéros.
Pour clarifier la situation, le président du pays, Enrique Peña Nieto, a donc exprimé son intention de consolider cette avancée au moyen d’une réforme qui reconnaitrait à l’échelle nationale « le droit de se marier sans discrimination ». A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie (IDAHOT), l’homme politique a même rappelé son engagement en twittant : « je me suis inscrit dans des initiatives de réformes pour accélérer l’inscription de l’égalité devant le mariage dans la Constitution et dans le Code civil fédéral » puis « pour un Mexique inclusif qui reconnaît la diversité comme une de ses plus grandes forces, sans homophobie ».
Un pas supplémentaire vers l’égalité des droits qui n’a pas suffi au président et à sa famille politique, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) de se maintenir dans le pays. Dimanche 7 juin, les citoyens du pays votaient pour élire les nouveaux gouverneurs de 12 États sur les 32 que compte le Mexique, or le PRI aurait perdu 7 Etats, dont 4 où il n'avait jusqu'à alors jamais été battu.

Vote contestataire contre le mariage ou contre le gouvernement ?

Une raclée électorale que l’association ConFamilia interprète comme :

Un vote de protestation qui s’oppose à la décision du président Enrique Peña Nieto de régulariser les soi-disant "mariages" et adoptions homosexuels. En moins de trois semaines, une organisation a été créée, qui a su mobiliser tout un pays contre l’initiative du président de s’en prendre à la famille, et appelant à un vote de protestation contre lui et son parti.

En effet, depuis que le président du Mexique s’est engagé sur le chemin de l’égalité devant le mariage, plus d’un millier d’organisations chrétiennes et conservatrices se sont réunies derrière l’étendard du Front National pour la Famille pour stopper cette avancée. La coalition a même menacé Enrique Peña Nieto de nuire à sa candidature lors des élections présidentielles qui auront lieu en 2018…
Une lutte obstinée contre l’égalité des droits et pour la discrimination des personnes selon leur orientation sexuelle noyée dans les contestations adressées contre le gouvernement, comme la violence et la corruption. En 2007, la ville de Mexico était pourtant la première ville d’Amérique latine a reconnaître les unions civiles de même sexe ; espérons que cet esprit précurseur saura mener le pays vers plus d’égalité.