Ce matin, presque aucun des grands titres nationaux ni des responsables politiques ne mentionnaient le caractère homophobe de l'attentat d'Orlando.
L'attentat qui a frappé les États-Unis dans la nuit de samedi à dimanche est un terrible rappel que la terreur prônée par Daesh est sans limite, aveugle... Elle peut frapper partout, à n'importe quel moment. Cet acte d'une grande barbarie touche l'ensemble de l'humanité et plus spécifiquement la communauté LGBT.
Cependant, depuis hier on parle d'attentat car c'est bien un attentat et non une simple fusillade. On parle d'acte terroriste perpétré par ou au nom de Daesh car l'État islamique l'a revendiqué quelques heures après. Mais qu'en est-il du caractère homophobe de l'attaque ? Pourquoi cet aspect, pourtant loin d'être accessoire, est-il passé sous silence par la presse et les principaux responsables politiques ? Car, faut-il malheureusement le rappeler, c'est avant tout un attentat homophobe qui a eu lieu à Orlando. C'est bien la communauté LGBT qui a été visée pour ce qu'elle représente.
À part Manuel Valls et quelques représentants politique comme Franck Riester ou Anne Hidalgo, rares sont ceux à avoir souligné le caractère homophobe de l'attentat d'Orlando. Il en va de même pour les principaux titres de presse nationaux (hormis Sud-Ouest), lesquels se bornent à parler de fusillade, d'attentat, de massacre, de Daesh... A l'ouverture du journal de France 3, la journaliste se demande même si on peut parler d'attaque homophobe. Évidemment ! Libération et The Independant (voir couvertures ci-dessous) utilisent la même photo pour parler de l'attentat mais seul le quotidien britannique met clairement en avant dans son titre le caractère homophobe de l'attaque, quand Libération en parle simplement dans une légende. Une invisibilisation qui interpelle.
Ce passage traduit-il un profond malaise dans la société française vis-à-vis de la communauté LGBT ?
L'Inter-LGBT, à travers la voix de son porte-parole aux questions internationales, Arnaud Gauthier-Fawas, fait le même et triste constat. L'interassociative, comme certains rares médias (France Culture par exemple), se posent la question du traitement discriminatoire qui est réservé à cet attentat par rapport aux attaques récemment perpétrées. Charlie Hebdo ou l'Hyper Cacher n'étaient pas des cibles choisies aux hasard, on l'a souligné à maintes reprises. Le club gay d'Orlando non plus. Une population a été visée, un "mode de vie" et des "moeurs" régulièrement condamnées par Daesh ont été pris pour cible. L'organisation terroriste se félicite même d'avoir tué plusieurs dizaines d'homosexuels comme le rappelle Arnaud Gauthier-Fawas.
L'invisibilisation du caractère homophobe de l'attentat est certainement inconsciente pour beaucoup, probablement voulue pour certains (sans l'assumer ouvertement). Toujours est-il qu'elle traduit un profond malaise dans la société française vis-à-vis de la communauté LGBT. Une communauté que le monde politique et médiatique n'assument pas totalement. Rappelons-nous par exemple les propos tenus par Serge Aurier - joueur au PSG - et dont le caractère homophobe avait été passé sous silence ou souligné de façon bien timorée dans la presse. Les origines de ce malaise sont complexes tant et si bien qu'il paraît difficile d'essayer de l'expliquer ici. La violence des débats autour du "mariage pour tous" et le profond clivage qui en résulte peuvent l'expliquer en partie. On soutient la communauté LGBT mais pas trop. On défend ses droits mais pas à bout de bras...
L'attentat rappelle douloureusement les discriminations dont sont encore victimes les personnes LGBT à travers le monde. Il reste encore un long chemin à parcourir pour donner à la communauté LGBT la visibilité à laquelle elle peut légitimement prétendre. C'est d'ailleurs pour cela que l'Inter-LGBT rappelle la nécessité d'avoir un milieu associatif, des titres de presse et des rassemblements comme les Marches des fiertés qui oeuvrent à une meilleure acceptation des personnes LGBT.