Plusieurs milliers de New-Yorkais se sont rassemblés devant le Stonewall Inn pour afficher leur soutien. Et dire qu’ils n’ont pas peur.
La lecture des noms des victimes d’Orlando se termine. Dans la foule, émue, on voit quelques larmes qui coulent, on s’enlace et on se réconforte. Le vent, qui s’est levé en ce début de soirée, semble avoir laissé un moment de répit aux bougies qui se sont hissées au-dessus des têtes parmi les drapeaux arc-en-ciel et les pancartes d’hommage aux 50 tués.
Comme dans d’autres villes américaines, des milliers de New-Yorkais se sont massés, lundi, dans les rues étroites aux abords du Stonewall Inn, bar-symbole du combat LGBT aux États-Unis, pour clamer haut et fort “We are Orlando”. Trans, gays, lesbiennes, queers, hétéros, jeunes et moins jeunes : certains étaient venus avec un bouquet de fleurs à déposer devant le mémorial qui s’est dressé dans le petit parc en face de Stonewall. D’autres avec des morceaux de craies pour écrire le nom des victimes et leur âge au sol. Leandro Rodriguez était, lui, venu avec les photos de deux victimes.
Je suis de Porto Rico. comme la majeure partie des victimes à Orlando. Dimanche, nous marchions dans le défilé annuel des Porto-Ricains de New York et nous étions célébrés pour ce que nous étions. Mais cette tragédie nous a montré qu’il y a toujours des personnes qui nous détestent.
Pendant toute la journée de lundi, les messages de mobilisation et de soutien de la part d’associations LGBT américaines se sont multipliés. Les appels à la vigilance aussi, alors que les festivités annuelles du Mois des fiertés (Pride Month) battent leur plein dans plusieurs grandes villes américaines. Les organisateurs de plusieurs marches ont annoncé que la sécurité serait accrue.
On a fait beaucoup de progrès pour créer des espaces sûrs pour les LGBT, puis cette tuerie s’est produite et on a l’impression de repartir de zéro, regrette Luis, un quarantenaire venu avec deux autres amis déposer une bougie.
Je n’ai pas peur, mais aujourd’hui je suis troublé, ajoute pour sa part Peter, un New-Yorkais de 27 ans. Je suis réconforté par les manifestations d’amour mais les déversements de haine sur le web m’inquiètent aussi.
Il a attaqué notre sanctuaire. Les bars gays sont des endroits où nous nous sentons en sécurité, abonde Dick Jefferson, qui dit avoir été victime de violence homophobe dans le passé. Mais cela nous a rendu plus forts. Beaucoup d’amis sont descendus dans la rue ce soir. Espérons que la Gay Pride de New York se déroulera en sécurité.
Plusieurs responsables d’associations et des hommes politiques étaient venus s’adresser à la foule. Parmi eux, le gouverneur de l’État de New York Andrew Cuomo, qui a appelé à faire du défilé 2016 de la Gay Pride new-yorkaise “le plus grand de l’Histoire”, ce 26 juin. Le maire de New York et soutien affiché d’Hillary Clinton, Bill de Blasio, s’en est pris lui aux personnalités politiques qui “sèment la haine”. Allusion à Donald Trump, qui tentait quelques heures seulement après la tragédie de la récupérer à des fins électorales.
Après presque deux heures, la foule compacte s’est dispersée sous les yeux des nombreux policiers mobilisés pour l’occasion. Hugo, un jeune mexicain, s’est fait une promesse à ce moment-là:
D’habitude, je suis spectateur de la Gay Pride. Cette année, je vais y participer, marcher dans le cortège. Ça a un sens différent aujourd’hui.