Au Pakistan, un groupe de 50 imams a émis une fatwa qui autorise les personnes transgenres à se marier sous certaines conditions.
C'est une fatwa à laquelle nous sommes guère habitués que vient d'émettre un groupe de religieux islamiques originaires de la ville de Lahore, dans l'est du pays, comme le rapporte Reuters. En effet, cet édit religieux non-contraignant autorise les personnes transgenres à se marier ainsi qu'à hériter et à bénéficier de funérailles selon la loi islamique. Cette fatwa déclare :
Il est permis à une personne transgenre ayant des signes de masculinité clairs sur son corps de se marier avec une personne transgenre ayant des signes de féminité claires sur son corps. Et d'ajouter : les hommes normaux et les femmes normales peuvent également épouser de telles personnes transgenres à condition que ces dernières aient des indications claires sur leur corps.
Cependant, la fatwa n'indique pas de quelle nature doivent être ces signes extérieurs de masculinité ou de féminité. Toujours est il que les personnes présentant des indications à la fois masculines et féminines ne peuvent prétendre au mariage sous cette fatwa car ces indications (sexuelles) non-claires sont contraires à la loi islamique.
Une position qui maintient les individus dans une dimension parfaitement binaire du genre. Pour cela, le mariage entre personnes de même sexe est formellement interdit au Pakistan. De telles unions pouvant, dans certaines régions, être punies par la peine de mort.
Une société binaire qui ne laisse pas de place aux identités de genre plus fluides
Cette édit religieux stipule également que le harcèlement des personnes transgenres est un crime vis-à-vis de l'islam. Ainsi, les cinquante imams déclarent :
Se plaindre des personnes transgenres, se moquer d'elles, les railler ou les considérer comme inférieures est contre la loi islamique car un tel acte équivaut à désapprouver une création d'Allah, ce qui n'est pas juste.
En 2012, la Cour suprême du Pakistan a déclaré l'égalité des droits pour les personnes transgenres, incluant le droit d'hériter des biens et des propriétés. L'année précédente, la même Cour leur avait attribué le droit de vote. Cependant, la société peine encore à les accepter et de nombreuses personnes transgenres se voient dans l'obligation de mendier ou de se prostituer pour survivre.
La situation des personnes transgenres au Pakistan semble se rapprocher de celle des personnes transgenres en Iran, tant par leur relative reconnaissance par les autorités religieuses - grâce à une fatwa émise en ce sens -, que par l'obligation qui leur est faite de choisir un genre bien défini et particulièrement normé. Une obligation qui exclue de fait les personnes qui ne se reconnaissent pas dans cette binarité imposée.
En Iran, l'ayatollah Khomeini a émis une fatwa à la fin des années 70 autorisant les personnes transgenres à entreprendre une chirurgie de réassignation sexuelle. Une fois cette démarche effectuée, l'état civil est modifiée afin de refléter l'identité de genre "choisie". Cependant, ce qui peu apparaître comme une avancée étonnante dans des pays musulmans ne doit pas faire oublier les discriminations quotidiennes vécues par les personnes transgenres.
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