Maxime et Victor ont fait à Paris la douloureuse expérience d'une interpellation par des policiers homophobes. Joints par TÊTU, il nous racontent le déroulé des faits.
Maxime, 32 ans, et Victor, 18 ans, sont en scooter à l'arrêt au feu rouge place de la République à Paris. Derrière eux, les occupants d'une voiture lambda s'énervent sur des cyclistes : "Ils leur hurlaient dessus, alors j’ai crié 'ta gueule' ", explique Victor. Maxime, quant à lui, se retourne pour voir ce qu'il se passe et à qui ils ont à faire. C'est alors qu'il se rend compte que l'un des trois hommes a un pistolet en bandoulière, et qu'il s'agit donc de policiers en civil.
Les deux jeunes hommes ne font pas les fiers et attendent que le feu passe au vert en espérant que la situation file rapidement. Le couple démarre, le gyrophare s'allume et les deux passagers sont priés de se garer et de descendre de scooter. Les policiers en civil sortent brusquement de leur véhicule, sépare le couple et commence un contrôle musclé mais dans les règles. L'un des policiers leur lance "Comment oses-tu m'insulter ?". Les deux jeunes hommes ne bronchent pas mot face à la virulence des fonctionnaires.
Tout dérape lorsque les policiers demandent à Victor qui est Maxime :
Il m’a demandé si c’était mon frère, je lui ai dit que non, c’était mon copain.
S'en suivent une série d'insultes homophobes de la part des policiers :
Pédé ! Il te défonce ton copain ? Tu le suces ?
On les menace de finir en garde à vue pendant 72h... Victor, terrifié, est violemment fouillé. Selon lui, on lui faisait volontairement mal. A tel point que sa respiration est coupée lorsque l'un des policier lui enfonce violemment le plexus.
Pendant ce temps-là, Maxime, qui n'assiste pas à la scène mais entend les insultes, en prend également pour son grade :
L’un des policiers m’a dit "si vous étiez des loulous dans les cités, ça ne se serait pas passé comme ça, vous seriez morts. Mais vous êtes des petits bobos parisiens…"
Au bout d'un moment, Victor informe les policiers de la profession de son copain : collaborateur de l’adjoint au maire communiste Ian Brossat. Changement de comportement. Les policiers réalisent qu'ils ont "merdé", qu'ils sont allés trop loin. Ils tentent même de se faire passer pour des gentils, ou tout du moins pour les moins pire :
Vous avez de la chance d'être tombés sur nous. Vous auriez pu tomber sur des flics qui vous auraient cassé la gueule...
Maxime et Victor soulignent que rien ne permettait de savoir qu'il s'agissait de policiers : "Ils n’avaient pas de matricule et dans cette situation on n’a pas pensé à relever la plaque d’immatriculation". De fait, les deux hommes ne savent pas si une plainte auprès de l'IGPN (la police des polices) pourrait avoir des suites. Et après cette expérience traumatisante auprès des forces de l'ordre, ils craignent un peu d'être confrontés à nouveau aux policiers.
Surtout que depuis qu'ils ont relatés cette histoire sur Twitter, ils ont reçu un flot de commentaires homophobes, disant en substance que c'était "mérité", que c'était des "enculés"... Un climat qu'ils souhaitent apaiser au plus vite pour passer à autre chose.
De son côté, FLAG, association de soutien et de défense des policiers et gendarmes LGBT que nous avons contacté, juge les "faits extrêmement graves", selon les mots de son président Mickaël Bucheron. L'association invite fortement les deux victimes à les contacter pour savoir ce qui s'est réellement passé et en référer au ministère de l'Intérieur et à la Préfecture de Police de Paris afin que les éventuels coupables soient identifiés et sanctionnés.
Pour FLAG, de tels comportement sont inadmissibles et jettent le discrédit sur l'institution alors que l'association, quant à elle, fait un travail de fond pour changer l'image de la police souvent vue comme homophobe.
Pour en savoir plus :
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