Marche des fiertésUn réfugié gay syrien retrouvé décapité à Istanbul

Par Julie Baret le 04/08/2016
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Un réfugié gay syrien installé à Istanbul a été retrouvé décapité près du port de la capitale turque ; un drame qui réinterroge la sécurité des réfugiés LGBT…

Il y a quelque mois, la BBC rapportait que la Turquie est devenue, en quelques années seulement, le foyer de plus de 2,7 millions de réfugiés syriens. Istanbul, surtout, accueille bon nombre de réfugiés LGBT car la ville est considérée comme l’un des lieux les plus tolérants à l’égard de l’homosexualité dans le monde musulman.
Mais quel est le sort de ces Syriens qui fuient leur pays pour chercher refuge en Turquie ? Le mode de vie stambouliote leur garantit-il la sécurité qu’ils sont venus trouver ? Un drame survenu dans la capitale turque sème le doute…
Selon plusieurs médias turcs et l’organisme KAOS GL – la plus vieille association turque de lutte contre l’homophobie et la transphobie – un réfugié gay syrien arrivé à Istanbul il y a un an a été retrouvé décapité dans le quartier de Yenikapi situé près du port d’Istanbul, au sud-ouest de la ville, fin juillet.

La victime avait déjà subi menaces et agressions

La victime s’appelait Muhammed Wisam Sankari et vivait dans le quartier d’Aksaray dépendant de la municipalité de Fatih, l'un des 39 districts de la ville. Rayan, un de ses amis et colocataires interrogé par KAOS GL, explique qu’ils avaient déjà déménagé « parce qu’on était gay et que tout le monde nous fixait » ; selon lui, Wisam était « très inquiet en ce moment », éprouvant des difficultés à sortir dans la rue, « mais quand on lui demandait pourquoi, il ne s’épandait pas trop ».

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Une rue du quartier d'Aksaray à Istanbul

Rayan raconte même que Wisam a été kidnappé par un groupe d’hommes en début d’année, que ces-derniers l’ont emmené en forêt, frappé puis violé et qu’ils allaient le tuer si Wisam n’était pas parvenu à s’échapper en rattrapant la route. « Nous avons porté plainte au commissariat mais ça n’a rien donné » déplore Rayan.
Cinq mois plus tard, Wisam disparaît le soir du 23 juillet. « Cette nuit, Wisam a quitté la maison » raconte un autre de ses amis à l’association LGBT, « on était déjà inquiets à cause des menaces. On lui a dit de ne pas sortir mais il a dit qu’il n'en avait que pour 15 ou 20 minutes. Il n’est pas rentré de la nuit. »

L'inaction des institutions ?

Ils se rendent alors auprès de l’ASAM – une association turque de solidarité pour les réfugiés – qui les redirige vers la police. Quelques jours après, Gorkem accompagne les forces de l’ordre à Yenikapi avec Rayan :

Ils avaient poignardé Wisam si violemment que deux couteaux se sont brisés à l’intérieur de son corps. Ils l’avaient décapité. Le haut de son corps n’était pas reconnaissable (...) et ce n’est que grâce à son pantalon qu’on a pu l’identifier.

« Qui sera le prochain ? » s’exclame Diya, « cela n’a aucune importance que tu sois Syrien ou Turc, si tu es gay tu es une cible pour tout le monde. » Cet autre ami de Wisam aurait informé les Nations Unies des menaces dont il est également victime, sans résultat. Les réfugiés LGBT sont pourtant reconnus comme un groupe vulnérable par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, mais selon Rayan cité par KAOS GL, les Nations Unies comme l'ASAM « n’ont rien fait pour nous. On ne peut que se protéger les uns les autres. »
Le mois dernier, les autorités stambouliotes ont pour la deuxième année consécutive réprimé la Pride en faveur de la visibilité LGBT organisée en centre-ville.

Pour en savoir plus :

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Crédit photo couverture kaosgl.org