Le premier Mister Gay Chine a été élu. Il y a six ans, l'élection avait été stoppée par la police...
Alors que le Chine n'apporte aucune protection légale aux personnes LGBT ni n'accorde aux couples de même sexe de droits fondamentaux tels que la reconnaissance de leur union ou l'adoption, le pays a élu le premier Mister Gay Chine le 5 août. Bien qu'anecdotique en Europe, cette élection rapportée par The Guardian a toute son importance sur un territoire qui criminalisait et réduisait l'homosexualité au rang de maladie mentale il y a moins de vingt ans.
D'ailleurs, pareille initiative avait été interceptée par les autorités en 2010, au prétexte qu'elle n'était pas autorisée. Malgré l'important écho médiatique et l'espoir de la communauté LGBT chinoise d'encourager l'acceptation de l'homosexualité, huit policiers étaient venus interdire cette élection de Mister Gay Chine, une heure avant son lancement.
Une nouvelle édition qui franchit la censure
Cette année, les organisateurs ont prévu un concours "sans lien avec la politique" afin de ne pas subir la censure. Les critères reposaient sur le fait d'être "en bonne santé, positif et énergique", l'aptitude à être ambassadeur des droits LGBT, comme souhaité en 2010, étant reléguée au second plan. Un arbitrage judicieux puisque le concours s'est déroulé sans encombre dans une boîte de nuit du sud de Shanghai, couronnant un certain Meng Fanyu.
Ce grand tatoué de 27 ans voit toute de même cette tribune comme "une formidable plateforme afin de mieux faire connaître la communauté LGBT" car "beaucoup de personnes ne savent même pas ce que LGBT veut dire et c'est encore difficile pour certains de faire leur coming-out". Selon Blued, une application de rencontre chinoise à destination des gays, moins de 5% de ses 27 millions d'utilisateurs seraient en effet sortis du placard. Même minorité au sein du concours de beauté où seuls quelques concurrents de Meng Fanyu étaient ouvertement homo. Un des prétendants au titre de Mister Gay Chine confiait ainsi au Guardian : "Je ne dirai jamais à mes parents que je suis gay. Je suis toute leur vie, je ne veux pas les laisser tomber".
Contre l'ostracisme et l'absence de représentation médiatique
En Chine, l'homosexualité a récemment rejoint la liste des sujets "immoraux" interdits de diffusion à la télévision car le gouvernement estime que ce type de contenu "exagère le côté sombre de la société". L'amour entre personnes de même sexe y côtoie l'inceste et les violences sexuelles, mais aussi l'alcool, la cigarette, ou encore la réincarnation... Dans ce pays conservateur, les personnes LGBT souffrent encore de discrimination et de rejet, le "mariage de convenance" apparaissant comme une solution à plusieurs millions de Chinois.
Drapé de son écharpe "Mister Gay Chine", Meng Fanyu entend bien bousculer tout cela, notamment lors du concours de Mister Gay World auquel il sera candidat :
Je veux monter sur scène et dire au monde "je suis gay et je vis en Chine", et montrer que le mouvement LGBT chinois est vibrant et actif.
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Crédit photo couverture touton.com
