Airbnb met les homophobes à la porte

Par Jérémie Lacroix le 20/09/2016
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Airbnb a revu ses procédures de location et annoncé la mise en place d'une nouvelle charte de lutte contre les discriminations.

Airbnb est une communauté de confiance en ligne qui met en relation des propriétaires et des clients. Les premiers peuvent monétiser leur maison, appartement, villa... tandis que les seconds peuvent bénéficier de tarifs attractifs partout dans le monde. En effet, Airbnb indique répertorier plus de 2 millions de logements dans 191 pays. La nouveauté des services proposés ainsi que l'étendue de son offre ont fait le succès de cette start-up qui pèse aujourd'hui près de 30 milliards en capitalisation boursière.
Cependant, cette réussite ne va pas sans heurts. En effet, l'entreprise a été plusieurs fois pointée du doigt pour se faire le relais de discriminations, qu'elles soient basées sur l'origine ethnique, les croyances, l'orientation sexuelle ou l'identité de genre. Ainsi, plusieurs utilisateurs ont été victimes de préjugés raciaux ou homophobes de la part des propriétaires conduisant au refus de leur réservation voire à leur exclusion du logement. Une discrimination qu'est venue quantifier une récente étude d'Harvard. Cette dernière souligne que les personnes ayant un nom à consonance afro-américaine ont 16% de chance en moins de voir leur réservation acceptée que ceux portant un patronyme à consonance caucasienne.

Plusieurs cas de discriminations

Une expérience désagréable à laquelle ont fait face Jonathan Wang et son partenaire Brent lors d'un séjour à Gavelston au Texas. Alors qu'il avait pris possession des lieux, la propriétaire du logement a demandé à Jonathan où était sa femme et qui était la personne qui l'accompagnait. La propriétaire comprenant qu'il s'agissait d'un couple gay, elle explique à Jonathan qu'elle pensait qu'il viendrait accompagné d'une femme et qu'ils devaient s'en aller. Et leur hôte d'ajouter que sa chambre se trouvait également à l'étage et que cela la mettait encore plus mal à l'aise. Peu de temps après, Jonathan est retourné voir l'annonce sur laquelle la propriétaire avait été ajouté : "Au fait, pour votre information, nous sommes des hôtes hétéro-friendly". Le couple, qui s'est retrouvé dans la rue sans logement, alors qu'ils devaient assister à un mariage, a réussi à trouver un hôtel en ville, lequel a été pris en partie en charge par Airbnb pour s'excuser de l'incident.
Une série de discriminations semblables a poussé Airbnb à s'attaquer au problème. L'entreprise a fait appel à de nombreux experts dont Eric Holder - ancien ministre de la Justice de Barack Obama - ou encore à Laura Murphy - ancienne directrice du bureau législatif de Washington de l'ACLU, la plus importante association de défense des libertés civiles aux Etats-Unis. Cette dernière a remis un rapport à Brian Chesky - co-fondateur et PDG d'Airbnb - dans lequel elle passe en revue toutes les procédures de la plateforme communautaire et émet des recommandations afin de lutter contre les discriminations et pour faciliter l'inclusion de tous.

Une nouvelle charte pour la communauté

Dans la foulée, Airbnb a annoncé via un communiqué la mise en place de nouvelles procédures et d'une nouvelle politique en matière de discrimination. Ainsi, l'entreprise s'engage sur quatre points principaux :

- Engagement de la communauté Airbnb : dès le 1er novembre, une nouvelle charte sera mise en place et devra être approuvée par tous les membres de la communauté. Celle-ci réaffirme l'appartenance de tous à la communauté sans distinction liée à "l'origine ethnique, la religion, la nationalité, le handicap, le sexe, l'orientation sexuelle, l'identité de genre ou l'âge" ;

- Open Doors : à partir du 1er octobre, cette nouvelle politique vise à aider les personnes victimes de discrimination à retrouver un hébergement similaire si possible ou une alternative ailleurs. Cette politique est rétroactive ;

- Instant Book : augmenter la disponibilité des réservations dites "Instant Book", lesquelles permettent de réserver un hébergement sans validation préalable par le loueur. Le but étant d'atteindre 1 million de réservations d'ici à janvier 2017 ;

- Formation anti-préjugés : tout membre de la communauté pourra suivre une formation dispensée par des experts et pourra l'afficher sur son profil afin d'inciter les autre utilisateurs à en faire de même.

Comme il l'a indiqué, Brian Chesky, qui s'était personnellement excusé pour le retard pris par Airbnb dans sa gestion de la lutte contre les discriminations, n'entend pas en rester là. Un avis partagé par Laura Murphy, l'experte indépendante à l'origine du rapport, pour qui il faut rester vigilant et travailler sans relâche.
 
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