Des patrons de bar organisent une Marche contre l'homophobie en réponse à la violence qui règne dans leur quartier à Sedan.
Michaël Paucot et Martin Novais sont patrons de bar depuis 30 ans. Après avoir tenu un café en Ardèche puis dans le Gars, le couple s'est installé à Sedan, dans les Ardennes, il y a 5 mois. Ils ont ouvert un nouveau bar, le Kimberley, rue de l'Horloge dans le centre historique de Sedan, à deux pas du château fort. Les débuts sont prometteurs : la clientèle est au rendez-vous. "Une clientèle majoritairement hétérosexuelle", commentent Michaël et Martin, même si, d'après ce dernier, 25% des clients sont homosexuels, venus de toute la région voire de Belgique (la frontière est à seulement une dizaine de kilomètres).
Les patrons insultés et menacés
Les clients savent que les deux patrons sont en couple, sans que cela ne pose le moindre problème. "On est des commerçants comme les autres, avec les soucis de tous les commerçants", confiaient-ils à nos confrères de L'Union il y a quelques mois. En effet, même si Michaël et Martin ne cachent pas leur orientation sexuelle (un drapeau LGBT flotte fièrement au Kimberley), ils n'ont pas voulu ouvrir un bar gay mais plutôt un établissement gay-friendly.
Or, depuis quelques temps, les choses se sont gâtées pour le couple. Dimanche 16 octobre - le jour de la Manif pour tous à Paris -, des individus passablement éméchés, habitués à "zoner" dans le quartier et connus des services de police pour certains, ont voulu entrer au Kimberley. Michaël expliquait récemment à France 3 Régions, "J'ai refusé et c'est parti". Des insultes homophobes fusent et des menaces sont proférées. Un employé du bar intervient : la situation s'envenime. La police doit intervenir et peine à calmer la situation.
L'un des auteurs des faits a été jugé en comparution immédiate mardi 18 octobre et a écopé de 6 mois de prison ferme pour outrages à personnes dépositaires de l'autorité publique ainsi que pour menaces réitérées de délit contre des personnes en raison de leur orientation sexuelle, comme le rapporte Radio 8. Un mineur sera, quant à lui, présenté prochainement devant les juges.
Un Marche pour que cessent les violences
Contacté par TÊTU, Michaël Paucot est catégorique : "Je n'ai jamais vécu ça en 30 ans de carrière". Il précise que ces débordements sont le fait de quelques individus vivant à proximité mais qu'il ne les connaît pas, le couple s'étant installé il y a peu dans le quartier. En revanche, les commerçants du quartier ont déjà eu maille à partir avec ces individus bien connus des services de police. D'ailleurs, plusieurs plaintes ont déjà été déposées à leur encontre.
Michaël Paucot nous confirme qu'une Marche sera organisée samedi 29 octobre à 13h30 au départ de la place Cappel, une première pour Sedan : "la préfecture nous a donné son accord alors que le maire n'en voulait pas", pour éviter de "stigmatiser" une population. "Cette Marche pour la paix" s'adresse à tous ceux qui se sentent concernés par le climat de violence qui règne dans le quartier. Ainsi, "commerçants, habitant, mairie, associations, sont les bienvenus". A ce titre, plusieurs associations ont répondu présent à l'appel de Michaël et Martin, dont SOS Racisme et Sidaction. La Marche se terminera à 16h devant la mairie pour interpeller les élus sur le climat d'insécurité qui règne dans le centre ville.
La mairie, Didier Herbillon (PS), que nous avons contacté par téléphone, n'a pour l'heure pas donné suite à nos questions.
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