En 2015, 1.491 Indiens et Indiennes ont été arrêtés pour "relation charnelle contre-nature". Dimanche, ils étaient plusieurs centaines à protester contre cette législation et contre l'inégalité de la société indienne lors de la Delhi Queer Pride 2016.
"Quand nous descendrons dans la rue dimanche, nous marcherons comme des individus queer qui imaginent un monde queer dans lequel il n'y a pas de castes, qui soit féministe, et sans discrimination" annonçait mi-novembre le comité de la Delhi Queer Pride.
Hier, plusieurs centaines d'individus ont répondu à cet appel en défilant pour les droits LGBT dans les rues de New Delhi pour la 9ème fois dans l'histoire du pays. Lesbiennes, gays, bis, trans, militants, alliés, proches... Selon les organisateurs, ils étaient entre 800 et 1.000 à s'être réunis sous les drapeaux et les ballons arc-en-ciel, dans un défilé mêlant tradition et modernité.
Plus d'un siècle de répression
En tête des revendications portées par la communauté LGBT indienne ce dimanche, la dépénalisation de l'homosexualité dans le pays. Car en Inde, les rapports de même sexe tombent encore sous le coup de la loi. Plus précisément sous le coup de la section 377 du Code pénal indien. Instaurée en 1860 alors que le pays était sous domination britannique, cette section considère comme criminelle toute "relation charnelle contre l'ordre de la nature".
Abrogée par la Haute Cour de Delhi en 2009 au motif qu'elle constitue une "violation des droits fondamentaux", cette législation fût malheureusement remise au goût du jour en 2013, sur décision de la Cour suprême d'Inde. Aujourd'hui, les individus qui sont accusés d'homosexualité encourent une peine de 10 ans de prison. Selon un rapport produit par le National Crime Records Bureau et relayé par Time of India, 1.491 personnes ont été arrêtées en vertu de la section 377 en 2015, ce qui équivaut à une augmentation de 17,3% par rapport à l'année précédente. Parmi elles, 16 femmes et 207 mineurs.
En plus de cette ligne de bataille, les organisateurs de la Pride ont cette année décidé d'agréger d'autres combats à leur cause. Parmi eux, la défense des "Intouchables" qui n'appartiennent pas au système de castes. Mais aussi celle du peuple des adivasis, des habitants de la région du Cachemire disputée par le Pakistan, des femmes, des musulmans, des personnes en situation de handicap, des universitaires, des étudiants et des professionnels du cinéma.
"Justice for Tara"
La Delhi Queer Pride appelait aussi à la "Justice pour Tara", une femme trans de 28 ans retrouvée brûlée au début du mois près d'un commissariat de la ville de Chennai au sud du pays. Les militants exigent à cet égard la "mise en application du NALSA" ou National Legal Services Authority vs Union of India, une décision de justice émise en avril 2014 qui affirme que les personnes trans bénéficient des droits fondamentaux accordés par la Constitution indienne, et qui leur permet de choisir elles-mêmes le genre figurant sur leur papier d'identité : "femme","homme", ou "troisième genre".
Interrogés par les médias locaux, plusieurs participants de la Pride d'hier notent toute de même une plus grande tolérance à leur égard, en particulier dans les grandes villes. Bien que la majorité du pays reste dans le placard, certains bars accueillent des soirées gays, et l'industrie de Bollywood commence à aborder le sujet de l'homosexualité.
Couverture : Crédit photo elixirofhappiness/Instagram