Le tribunal correctionnel de Paris a jugé que les accusations d'homophobie portées par Laure Pora, ex-présidente d'Act Up, relevait de l'opinion et non de la diffamation.
"C'est ces gens-là qui soutiennent l'homophobie, soutiennent les violences, et nous on ne fait jamais que le dire" avait affirmé Laure Pora, alors présidente d'Act Up-Paris, devant les caméras d'iTélé le 5 août 2013. La veille, le mouvement militant avait mené une action contre la Manif pour tous en attaquant la Fondation Jérôme-Lejeune qui lutte (entre autre) contre l'avortement et dans laquelle Ludovine de La Rochère est salariée ; les activistes y avaient placardé des affiches portant le logo LMPT barré de slogans tels que "shame", "homophobes" ou "La Manif pour tous, homophobe", et avaient bombardé la façade de préservatifs remplis de faux sang. Ces paroles prononcés à la télévision avait valu à Laure Pora des poursuites pour diffamation menées par Ludovine de La Rochère et la Fondation.
Mais hier, le tribunal correctionnel de Paris a statué en faveur d'Act Up, rapporte Ouest-France, jugeant que le terme d'"homophobes", "sans autre spécification, demeure très imprécis", et que le "soutien à la l'homophobie ou aux violences est une imputation vague et générale". En somme, que ces propos n'étaient "pas suffisamment précis" donc qu'ils ne permettaient pas de faire un "débat contradictoire sur la preuve de la vérité" et qu'ils relevaient davantage d'une "opinion subjective", échappant donc aux accusations diffamatoires.
Act Up aux prises avec la Manif pour tous
Une "très bonne nouvelle" saluée par le militant des droits LGBT Yohann Roszéwitch comme par de nombreux internautes, et qui conforte la jurisprudence en la matière. En 2013, le sénateur Jean-Pierre Michel - alors en charge du projet de loi mariage pour tous - avait également affirmé que "Frigide Barjot et ses amis représentent la pire des homophobies" ; il avait été poursuivi pour diffamation puis relaxé car le tribunal de grande instance avait statué qu'il s'agissait d'une simple "opinion publique".
Ce verdict vient également contrebalancer le jugement rendu en novembre contre Laure Pora. Poursuivie cette fois-ci pour "injure publique" en raison des affiches placardées sur la fondation Jérôme-Lejeune, la Cour d'Appel de Paris l'avait condamnée à verser 800 € d'amende à la Manif pour tous, et 1 500 € pour les frais de justice. A la différence de la diffamation qui porte atteinte à "l'honneur et à la considération" et qui peut faire l'objet d'un débat sur sa vérité, l'injure comprend "toute expression outrageante, termes de mépris ou invective" qui ne repose sur aucun fait.
Brain Magazine signait alors un article concept pour dénoncer cette condamnation, et une vague de contestation s'élevait depuis les réseaux sociaux derrière le hashtag #LaManifPourTousEstHomophobe. Le verdict rendu en novembre pourrait toutefois être renversé ; l'ex-présidente d'Act Up a formé un pourvoi en cassation.