La France sort du "Top 10" des pays où il fait bon travailler quand on est LGBT

Par Julie Baret le 16/01/2017
La justice offre une victoire politique de Donald Trump sur les droits LGBT Etats-Unis employés LGBT

"Dans quel pays européen faut-il travailler lorsqu'on est LGBT ?" Plutôt en Belgique, en Allemagne ou au Royaume-Uni qu'en France, selon Expert Market.

La France aurait perdu du galon concernant la reconnaissance et l'accueil des travailleurs LGBT. Selon une étude européenne réalisée par Expert Market, elle est même sortie du "Top 10" des pays où il fait bon travailler lorsqu'on est lesbienne, gay, trans, bi ou intersexe. Réalisée pour la deuxième année consécutive, cette étude compare 43 pays selon des critères directement corrélés aux droits LGBT, et d'autres ayant trait aux conditions de travail.
En s'appuyant sur des données fournies par les mouvements civiques (ILGA, Equaldex, etc.) et par Numbeo, (la plus grande bases de données municipales et nationales au monde), cette entreprise spécialisée dans la comparaison des fournisseurs de bureau a classé les États européens en fonction des protections légales garanties au travail, de la tolérance à l'égard des homosexuels, de la discrimination au logement, ainsi que du taux de chômage et du salaire moyen des pays étudiés.

travailleurs LGBT Expert Market
Crédit illustration Expert Market

10/10 contre les discriminations mais 0/10 pour le genre

Si la France décroche de bonnes notes à ses politiques anti-discrimination et à sa tolérance à l'égard des homos, elle n'arrive qu'à la 11ème place du classement, ex-aequo avec la Croatie; un pays qui n'autorise toujours pas les couples d'hommes et de femmes à se marier. Selon Le Figaro, l’Hexagone caracolait pourtant dans le Top 10 l'année dernière, dont la dernière marche est aujourd'hui occupée par les Pays-Bas. Quelle est la raison de ce déclassement ? Selon Expert Market, la France essuie son retard notable concernant les droits des personnes trans et intersexes. Le pays est à cet égard devancé par la Norvège, la Finlande, la Belgique - en tête du classement - Malte, mais aussi par l'Allemagne, la Suède, le Danemark, la Croatie, la Grèce, l'Espagne et le Royaume-Uni.
En effet, bien que le Code du travail français reconnaisse la notion d'identité sexuelle et interdise toute discrimination en milieu professionnel basée sur celle-ci, il n'existe aucune loi ou politique publique garantissant l'expression du genre et de l'identité intersexuée. En outre, la transphobie au travail est fréquente. Elle n'est pas facilitée par le difficile processus de changement de sexe à l'état civil qui, bien que démédicalisé par la loi  « Justice du 21e siècle », reste soumis à la libre appréciation d'un juge. En juin 2008, une entreprise a toutefois été condamnée pour "licenciement abusif en raison de sa transsexualité" contre une employée qui avait annoncé sa transition à son employeur; ce jugement rendu par le Conseil des Prud'hommes était même confirmé par la Cour d'Appel de Montpellier, offrant une jurisprudence aux affaires similaires. Enfin, le taux de chômage élevé et le salaire moyen participe à la place modeste de la France qui devance néanmoins la Grèce, l'Espagne et l'Autriche.

"Il y a danger à penser que notre combat pour l'égalité est terminé"

En queue de classement, Expert Market cible les pays qui n'apportent aucune protection légale aux homos, aux trans et aux intersexes. Sans grande surprise y figurent la Russie, l'Azerbaïdjan, et l'Arménie classée pire destination pour les travailleurs LGBT. Plus généralement, c'est une fracture Est-Ouest qui est mise en lumière par cette étude et qui rappelle les résultats publiés par l'International Lesbian and Gay Association au printemps dernier dans sa Rainbow Map 2016. A nouveau, l'Italie fait figure de mauvais élève de l'Europe de l'Ouest : 25ème/35, derrière la Lituanie et la Slovénie. Une progression européenne en demi-teinte qui poussait déjà le coprésident d'ILGA Europe à prévenir en mai 2016 :

Il y a un danger inhérent à penser que notre combat pour l’égalité est terminé lorsqu’on a atteint une protection dans certains aspects de nos vies, tels que le mariage pour les couples de même sexe ou les droits parentaux (…). Nous devons nous rappeler que ces avancées, difficilement acquises, ne bénéficieront à la communauté LGBT que si elles se traduisent dans la vie quotidienne des personnes LGBT.

 
Couverture : crédit photo economyandco.com