ILGA Europe a dévoilé sa nouvelle carte du continent européen, laquelle cherche à déterminer l'état des droits LGBT à travers l'Europe.
Tous les ans, ILGA Europe publie un rapport annuel, assorti d'une carte, dans lequel est classe les pays du continent européen au sens large (49 pays). Le but est de déterminer l'état des droits LGBT en Europe. En somme, où il fait bon vivre lorsqu'on est LGBT. Si la version 2016 souligne une nette progression dans certains pays, d'autres sont encore largement à la traîne. La carte est en soit particulièrement parlante puisqu'elle montre un nette fracture est/ouest.
Dans le classement 2016, la France obtient une note de 67% contre 65% l'année précédente. Une légère progression qui s'explique par quelques avancées significatives tant sanitaires que légales, indique le rapport de ILGA Europe. En effet, depuis 2015 la France a autorisé sous certaines conditions le don du sang des homosexuels et est l'un des premiers pays européens à approuver la PrEP dans son système de santé. De plus, la Cour correctionnelle de Paris a condamné des utilisateurs de Twitter pour avoir utilisé des hashtags homophobes, une première dans le pays. Cependant, le rapport souligne qu'il a été compliqué de décrypter l'attitude envers l'égalité LGBT dans la sphère publique puisque de récents sondages indiquent que de nombreuses personnes souhaitent encore voir le "mariage pour tous" abrogé. Par rapport à d'autres pays du continent, la France doit encore faire de nombreux efforts pour accéder à une plus grande égalité et à une meilleure reconnaissance des personnes LGBT.
Avancées législatives et climat dans la sphère publique
Il faut dire que, dans l'index de ce classement, ne sont pas seulement pris en compte les avancées législatives comme le mariage pour les couples de même sexe et l'adoption, qui à elles seules n'améliorent pas la vie des personnes LGBT dans un pays. Ces avancées sont pondérées par d'autres critères tels que le taux de crimes et de discours de haine (le climat dans la sphère publique), la reconnaissance des familles homoparentales, la reconnaissance du genre et de l'intégrité physique, le droit d'asile , la liberté d'expression et de rassemblement...
Dans le top 3 du classement figure Malte (88%), la Belgique (82%) et le Royaume-Uni (81%). A l'inverse, en bas du classement on retrouve l'Arménie (7%), la Russie (7%) et l'Azerbaïdjan (5%).
Malgré une législation qui a largement progressé avec l'introduction du mariage pour les couples de même sexe, l'Italie est le mauvais élève de l'Europe de l'ouest avec un score de 20%. Cela s'explique principalement par la campagne d'opposition quant à une sensibilisation à la diversité dans les écoles italiennes mais également par les nombreux discours de haines contre les homosexuels et les transsexuels proférés dans la sphère publique.
On peut également noter une nette progression en Autriche, en Grèce et en Irlande. Par contre, les pays de l'est décrochent, et particulièrement la Pologne.
Un combat permanent pour l'égalité
Comme on le constate, les populations LGBT sont inégalement protégées et défendues d'un pays à l'autre en Europe. D'ailleurs, Brian Sheehan - coprésident de ILGA Europe - met en garde contre la fragilité de ces droits et souligne la nécessité de rester vigilants et de continuer le combat pour plus d'égalité :
Il y a un danger inéhrent à penser que notre combat pour l'égalité est terminé lorsqu'on a atteint une protection dans certains aspects de nos vies, tels que le mariage pour les couples de même sexe ou les droits parentaux (...) Ces avancées peuvent être le moteur qui nous propulse vers plus de progrès. Ralentir le pas vers ces changements n'est qu'une opportunité manquée. Nous devons nous rappeler que ces avancées, difficilement acquises, ne bénéficieront à la communauté LGBT que si elles se traduisent dans la vie quotidienne des personnes LGBT. Changer les lois ne change pas automatiquement la vie. Ce dont les personnes LGBT ont besoin de leurs gouvernements à travers toute l'Europe, c'est d'une action continuelle, engagée et collaborative.
Seul le rapport 2017 nous dira si ces objectifs se sont réalisés ou si, à l'inverse, ils sont restés de simples voeux pieux.
Le rapport complet ainsi que ma carte détaillée sur le site de IGLA Europe.