Nicolas Canteloup minimise l'homophobie de sa blague

Par Julie Baret le 09/02/2017
Nicolas Canteloup affaire Théo homophobie de sa blague

"Si Théo, après réflexion, se découvre des sentiments pour le policier qui lui a introduit la matraque, ils pourront s'épouser. C'est légal !" balançait Nicolas Canteloup durant sa Revue de presse.

Le rôle de la police, ce n'est pas de mettre des matraques dans les fesses... Maintenant, je tiens à m'adresser à la population gay de ce pays : ce n'est pas la peine non plus de chercher un deux-pièces sur Aulnay centre, la police ne recommencera plus. C'était un accident, pas une pratique courante sur Aulnay-sous-Bois... J'ai rendu possible le mariage gay. Donc avec cet épisode de la matraque, si Théo, après réflexion, se découvre des sentiments pour le policier qui lui a introduit la matraque... Eh bien ils pourront, grâce à moi, s'épouser en toute légalité !

Ainsi commentait Nicolas Canteloup l'"Affaire Théo" : l'interpellation filmée d'un jeune homme de 22 ans à Aulnay-sous-Bois ce 2 février, durant laquelle un policier lui enfonce violemment sa matraque télescopique dans le rectum augurant une déchirure de 10 cm, puis le conduit en garde-à-vue malgré ses plaintes et sa blessure sanguinolente.

"Je suis vraiment désolé"

L'animatrice avait alors stoppé le chroniqueur car "ce sont des faits graves, on ne plaisante pas avec ça." En effet, sans compter le non-respect de la victime qui a récolté 60 jours d'impossibilité totale de travailler et qui risque des conséquences psychiques et physiques très graves (notamment un risque d'incontinence), la "vanne" est aussi insultante contre les homosexuels, comparant des violences policières avec une pratique sexuelle. Stop homophobie dénonce une "apologie du viol et de l'homophobie". La Société des rédacteurs de la radio a immédiatement condamné le sketch qui a provoqué un "réel malaise au sein de la rédaction". Le CSA a enregistré plusieurs signalement. L'humoriste s'est d'abord fendu d'un tweet où il qualifie son "très gros dérapage" d'"involontaire". Excuses réitérées de vive voix ce matin sur Europe 1 :

Je suis un petit peu gêné (...). On est tous d'accord : c'est moi qui mérite un bon coup de matraque sur les doigts pour ma chronique d'hier. (...) Mon passage sur Hollande à Aulnay-sous-Bois a quelque peu divisé. Certains l'ont trouvé nul. D'autres en revanche, il faut le dire aussi, l'ont trouvé très nul (...). Moi je ne suis pas tout à fait d'accord : je l'ai trouvé très très très très nulle. (...) Je suis vraiment désolé.

Malheureusement, pas d'allusion au caractère offensant de la blague. Un argument du "pas drôle du tout" un peu court et qui élude surtout le nœud du problème : l'homophobie et la culture du viol. La veille, son manager Jean-Marc Dumontet avait expliqué qu'ils avaient eu un "défaut de lucidité" et qu'ils n'avaient donc pas remarqué la dimension problématique des textes car ils préparent très vite la revue de presse : "On n'a pas systématiquement le temps de repasser sur les textes, de bien les voir. C'est né de discussions avec ses auteurs."

Contre l'"Esprit Charlie" ?

Mais sur Twitter, quelques internautes prennent la défense du chroniqueur, affirmant que ne pas rire de ces propos irait à l'encontre de l'”Esprit Charlie" célébré après les attentats de janvier 2013 :

 

La "police des polices" nie le viol délibéré

Du côté de l'enquête, les premières conclusions de l'IGPN risquent de faire exploser les tensions. Les quatre policiers de l'intervention mis en examen (l'un pour viol et les trois autres pour violences urbaines en réunion) sont sortis de garde-à-vue et la police des police réfute le "viol délibéré" et postule pour l'"accident", rapporte ce matin LCI. Selon les enquêteurs, le pantalon de Théo serait tombé tout seul et la pénétration serait "non intentionnelle et accidentelle"...  Or "Le code pénal précise qu'est qualifié de viol ''tout acte de pénétration sexuelle, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. S'il suffisait simplement de prétendre qu'il n'y avait pas de caractère sexuel à son acte pour s'affranchir du viol, beaucoup de violeurs utiliseraient cet argument", s'était indigné maître Eric Dupond-Moretti, l'avocat de Théo cité par L'Express.