Pour la première fois, une mannequin trans fera la couverture du magazine de mode Vogue Paris. Un choix éditorial fort et nécessaire.
C'est une petite révolution pour Vogue Paris mais un pas important pour la communauté transgenre. Le célèbre magazine de mode a choisi - pour la première fois de son histoire - de mettre en couverture une mannequin transgenre, Valentina Sampaio, "étendard glam d’une cause en marche". Car si la belle brésilienne a toutes les qualités esthétiques pour apparaître sur la couverture de Vogue Paris, elle est surtout un symbole pour de nombreux/ses trans à travers le monde.
Si Valentina truste la couverture de Vogue ce mois-ci, au-delà de l’évidence de ses qualités plastiques et de l’éclat de sa personnalité, c’est qu’elle incarne malgré elle un combat, séculaire et douloureux, pour ne plus être perçue comme une "exilée du genre" ou une créature à part, considère Emmanuelle Alt, rédactrice en chef du magazine à sortir le 23 février.
Car, c'est bien ainsi que sont souvent considérées les personnes trans, notamment en France où l'identité de genre peine à être comprise et reconnue comme sujet d'une lutte (longue et douloureuse) au même titre que la reconnaissance de la diversité des orientations sexuelles.
Rien ne la différencie de Gisele, Daria, Edie ou Anna. À un détail près. Valentina, la femme fatale, est née garçon. Un détail qu’on aimerait ne pas révéler tant il relève de l’accident dans la vie de ces femmes et tant on imagine qu’elles aimeraient l’oublier, déplore Emmanuelle Alt.
Dans notre pays, la question est même ultra-sensible. Dans son édition de janvier, National Geographic troquait la couverture historique sur les transgenres de sa consœur américaine pour un paysage russe, loupant une belle occasion de visibiliser les personnes trans dans un pays où la Manif pour tous porte haut et fort sa vision de la société.
Pourtant, cette cause est un des combats prioritaires pour les associations qui réclament un changement d'état civil libre et gratuit, totalement déjudiciarisé et démédicalisé. C'est d'ailleurs pour cette raison que la Marche des fiertés de Paris 2016 avait pour mot d'ordre les droits des trans. Malheureusement, la loi Justice du XXIe siècle n'a pas permis d'accéder totalement aux revendications des premiers concernés. Le combat continue...