Le réalisateur du film a révélé le déroulement d'une intrigue amoureuse homosexuelle, et même une "jolie scène" ouvertement gay. Une première historique chez Mickey !
On se souvient du génie d'Aladdin, piercing à l'oreille droite et se travestissant avec amusement. On accueille avec enthousiasme ces personnages féminins qui s'évadent de la simple image de princesse, amoureuse et fadasse. Mais jamais encore l'évocation frontale de l'homosexualité n'avait été effleurée dans une oeuvre Disney. Un possible couple de femmes dans Le Monde de Dory, un autre d'hommes soupçonné dans La Reine des neiges, sans compter l'incontournable mouvement #GiveElsaAGirlfriend lancé par les fans du film d'animation sur Twitter alors même que "Libérée, délivrée" s'imposait comme un hymne LGBT. Toujours des allusions, mais jamais d'évocation directe. Cela est sur le point de changer. La toute dernière production des studio, La Belle et la Bête (2017), accueillera le tout premier personnage ouvertement gay mis en scène chez Disney en la personne de LeFou, interprété par le célèbre acteur de Broadway, Josh Gad.
Ce petit personnage loufoque à l'embonpoint marqué, dont on se rappelle les frasques et le gros nez rouge dans le dessin-animé sorti en 1991, sera dans l'adaptation cinématographique en plein questionnement sur ses sentiments pour le narquois Gaston dont il est l'homme de main.
"LeFou est quelqu'un qui veut être Gaston un matin, et qui veut l'embrasser le lendemain" révèle ainsi Bill Condon, le réalisateur du film à Attitude, avant de poursuivre :
Il est confus vis-à-vis de ce qu'il veut. Il vient seulement de prendre conscience de ses sentiments. Et Josh [Gad] en tire quelque chose de vraiment subtil, délicieusement joué. Et cela fini par porter ses fruits, même si je n'en dirai pas plus. Mais c'est une jolie scène exclusivement gay dans un film Disney.
À quelques jours de sa sortie, La Belle et la Bête - déjà adapté en film dans l'Hexagone par Christophe Gans en 2014 - pourrait bien être l'un des films les plus attendus de la firme, comme en témoignent un nombre de vues record pour sa bande-annonce dévoilée en novembre : plus de 127 millions en seulement 24 heures. Les têtes d'affiche n'y sont sûrement pas étrangères : le beau Luke Evans dans le rôle de Gaston, Dan Stevens derrière la fourrure de la Bête, et bien sûr Emma Watson interprétant Belle (l'actrice avait pour cette raison refusé le rôle de Mia dans La La Land qui a permis à Emma Stone de décrocher un Oscar dimanche dernier).
"Ce message sera entendu dans tous les pays du monde, même ceux qui condamnent l'homosexualité"
Pour Emma Watson, l'introduction d'un personnage gay correspond d'ailleurs parfaitement à la trame de La Belle et la Bête version 1991 qui questionne la diversité. "C'était très important pour Dan [Stevens] et moi de développer et de comprendre pourquoi nos personnages ont le sentiment de ne pas rentrer dans le moule", analyse l'actrice. "J'ai regardé la version originale du film car je voulais en savoir plus sur ça : pourquoi Belle se sent différente, pourquoi elle veut être différente, et pourquoi elle est tout naturellement différente."
Une grande avancée dont l'écho est parfaitement résumée par le magazine anglais :
En représentant une attraction de même sexe dans une scène - courte - mais explicitement gay, le studio envoie un message fort : cela est normal et naturel. Et c'est un message qui sera entendu dans tous les pays du monde, même dans les pays où il encore socialement inacceptable voire même illégal d'être gay.