YouTubeYouTube fait scandale en censurant les contenus LGBT

Par Julie Baret le 21/03/2017
YouTube mode restreint censure

Apparemment, coming-out, YouTubeur.se.s LGBT, mariages pour tous et publicités gay-friendly seraient "susceptibles de choquer" en 2017.

Pour "filtrer les contenus susceptibles de choquer et que vous ne souhaitez pas voir vous-même, ou que vous ne voulez pas que vos proches voient", YouTube propose depuis plusieurs années un mode restreint : une case à cocher en bas de page qui censure commentaires et certains contenus en se fondant sur "les signalements de la communauté, les limites d'âges et d'autres signaux" qui ne sont pas davantage précisés. Or depuis ce week-end la Twittosphère gronde en constatant qu'un très grand nombre de vidéos YouTube abordant l'homosexualité ou la transidentité, contenant des scènes entre personnes de même sexe, ou présentant simplement des personnes LGBT ont été classées parmi ces "contenus susceptible de choquer".
"Le mode restreint de Youtube permet aux parents de bloquer le contenu potentiellement offensant. Apparent, ça comprend l'existence des gays", dénonce l'influenceur Hank Green.

La nouvelle publicité Diesel intitulée "Make Love Not Walls" combattant la politique anti-immigration de Donald Trump à coups de bouquets de fleur, de tanks arc-en-ciel et d'un mariage entre hommes tombe ainsi sous le coup de cette censure. De même que le clip "Pretty Girl" de Maggie Lindemann comprenant une romance entre deux femmes. Sur la chaîne de Troye Sivan, pop star australienne ouvertement gay, les clips "Youth", "Wild" et "Heaven" sont portés disparus. Tout comme le clip de Macklemore et Ryan Lewis pour "Same Love" racontant l'histoire d'amour de deux hommes en un bouleversant court-métrage de 7 minutes. Et lorsqu'Ariana Grande demande sur son blog, "Que conseilleriez-vous à des gays qui se font brimés ?", même censure.
YouTube mode restreint censure

Is YouTube Over ?

Bon nombre de YouTubeurs LGBT - déjà minoritaires dans la sphère YouTube - ont aussi vu leurs chaînes carrément caviardés dès l'apparition des mots "gay", "lesbian" ou "trans". Peu importe que la vidéo soit une séquence sur les sex toys, un coming-out ou un tuto maquillage. À l'instar du coming-out en vidéo du YouTubeur français spécialiste n°1 de Pokémon, Newtiteuf, ou d'un "top 8 des modèles noirs et LGBT" qui ont inspiré Tyler Oakley. Shannon Beveridge, autre YouTubeuse américaine ouvertement lesbienne, a vu son nombres de vidéos passés de 127 à 17, le mode restreint supprimant toute allusion à son homosexualité, questions-réponses avec ses abonnés ou challenges avec sa copine. Et plein d'autres exemples. Au point que certains envisagent même de changer de plateforme vidéo, comme l'a indiqué le YouTubeur Andrew Grey dans sa dernière vidéo... également censurée.
Twitter sert depuis ce week-end de défouloir et de mise en lumière de ces restrictions par des utilisateurs furieux qui dénoncent une discrimination anti-LGBT derrière le hashtag #YoutubeIsOverParty :
https://twitter.com/SmilenaGomxz/status/843734225593552896
https://twitter.com/danoudyds/status/843766549324464128

https://twitter.com/noway2do/status/843576405543849985

Dans un communiqué censé éteindre la polémique, YouTube a expliqué que le mode restreint ne visait pas les vidéos LGBT mais seulement les vidéos abordant "des questions plus sensibles" et qu'ils regrettaient "toute confusion". Mais pas de véritables excuses ni de solution apportée, et surtout un mécontentement qui ne désemplit pas. D'autres contenus ont été supprimés sans explication (avis sur le stérilet, jeux vidéo, etc.) et au Huffington Post d'évoquer des défauts d'algorithme.

Une polémique en entraîne une autre

D'autant qu'au Royaume-Uni, ce sont carrément les annonceurs qui quittent le navire YouTube détenu par Google. Le Monde, en se fondant sur une enquête du Times, rapporte en effet que de grands groupes ont trouvé leurs publicité accrochés à des sermons homophobes, islamistes, antisémites ou aux discours d'anciens leaders du Ku Klux Klan sur YouTube.
Plusieurs banques (HSBC, Lloyds Banking Group...), groupes média (BBC, Guardian, Havas), grandes marques (L'Oréal, McDonald's, Mark & Spencers, etc.) et institutions (gouvernement britannique, agence des transports de Londres, etc.) ont suspendu leurs investissements publicitaires sur la plateforme.
Serait-ce le moment de voir revenir dans nos vies Dailymotion ?