Julien K. a été victime d'une agression homophobe en direct sur l'application vidéo Periscope. Les associations Mousse et Stop homophobie se mobilisent.
Julien K. est un ancien militaire qui réside à proximité de Libourne dans le département de la Gironde. Il avait fait son coming-out sur l'application diffusant des vidéos éphémères en direct. Et la semaine dernière, lors d'un échange avec certain Keneff, les choses s'enveniment. Ce dernier insulte Julien de "fils de pute" et de "petit pédé" puis menace de traverser la France pour s'en prendre violemment à lui :
« Je vais faire 700 km et je vais venir chez toi (…). Je vais te mettre un pénalty dans ta tête. Je vais te shooter ta tête (…). Quand tu vas sortir de chez toi, je vais t’enculer ta race. Tant que je t’aurai pas explosé ta tête, tant que je t’aurai pas punché ta gueule, pour moi l’affaire ne sera pas réglée », entend-on dans l'appel enregistré et transmis à l'association Mousse spécialisée dans les actions en justice contre l'homophobie. « T’as beau porter plainte, t’inquiètes pas. J’ai déjà agressé des gens. J’ai déjà tapé plein de gens dans ma vie. J’ai jamais fait de prison. J’ai même pas fait une journée de garde à vue. Donc si je descends dans ta petite ville de merde, il m’arrivera rien du tout. »
Une fois sur place et après avoir filmé la "préparation de l'expédition punitive", Keneff attaque physiquement Julien tandis que le direct de l'application Periscope tourne toujours. La vidéo de l'agression datant du 14 mars a depuis été supprimée mais l'association Mousse a sauvegardé un extrait montrant l'assaillant étrangler Julien, puis s'en vanter devant l'objectif.
Pris en charge mais choqué
"Nous l'accompagnons mais il se sent plus que jamais dans l'insécurité", signale Stop homophobie qui a pris en charge la victime. Accusant une double fracture à la main, Julien a dû subir une opération le jour-même de son agression, et a récolté 30 jours d'incapacité totale de travail. L'association de lutte contre l'homophobie fait aussi état de plusieurs menaces de mort qui n'améliore pas l'état de Julien :
J'avais déjà tendance à m'isoler. Les réseaux c'était un moyen de communiquer, échanger, partager ma bonne humeur, ma joie de vivre, grâce à la technologie. Mais il y a malheureusement des gens qui viennent tout parasiter. Ils n'ont pas de limite.
L'association Mousse a dores et déjà porté plainte auprès du Procureur de la République de Pantin pour violences volontaires homophobes en bande organisée.
Des précédents sur Periscope
Rachetée par Twitter en mars 2015, l'application Periscope a déjà fait scandale après plusieurs dérives graves. Agression d'un homme ivre pas deux adolescent à Bordeaux, viol en direct aux États-Unis, et même suicide d'une jeune femme devant des milliers de viewers, ont poussé Europe 1 à s'interroger sur les gardes-fous de l'application. Malheureusement, comme sur Twitter, la modération de contenu ne s'y fait qu'a posteriori et fait régner la loi du "tout est permis" . Seul un bouton de signalement permet aux utilisateurs d'alerter l'application, mais il ne propose aucune hiérarchisation de l'urgence, ni n'a d'effet immédiat.